Le parent pauvre des énergies renouvelables

A l’heure où les éoliennes poussent comme les champignons en automne, alors que les installateurs de panneaux solaires photovoltaïques affichent des carnets de commandes rebondis comme des joues de nouveau-nés, les pompes à chaleur font figure de lanterne rouge dans le peloton des énergies renouvelables. Un sort bien injuste.

Pas  » sexy « , les pompes à chaleur (PAC) ? C’est, à regret, le constat que dresse Guillaume Fallon, spécialiste de ce type d’installations au sein de l’ASBL Energie Facteur 4 située à Wavre. Et, à ce titre,  » facilitateur  » désigné par la Région wallonne pour mieux faire connaître les PAC auprès d’un public le plus large possible.

Tout a commencé par un petit coup d’humeur, en réaction à un documentaire récemment diffusé sur les antennes de la RTBF sous le titre Energies vertes, le pétrole wallon.  » C’est bien de montrer les atouts du solaire, de la géothermie ou de l’éolien. Intéressant, également, de souligner les avantages de l’hydroélectricité, de la filière bois et de la biomasse. Mais quand les medias parleront-ils enfin des pompes à chaleur dont l’Europe, dans sa dernière directive, vient encore de souligner l’importance dans la promotion des énergies produites à partir de sources renouvelables ? Pourquoi laisser dans l’ombre cette technologie qui utilise la chaleur naturelle et renouvelable de l’air, du sol ou de l’eau en ne rejetant aucun gramme de CO2 ? »

Mal connues, donc mal aimées ?

Un début de réponse se trouve sans doute dans la difficulté d’expliquer aux utilisateurs potentiels ce qu’est une pompe à chaleur. En gros – et que les puristes nous pardonnent – le principe des PAC consiste à capter de la chaleur dans l’air extérieur, dans le sol ou dans l’eau et de restituer ces calories en chauffant une maison (par de l’air pulsé ou de l’eau chauffée) ou en produisant de l’eau chaude sanitaire. Mais comment est-il possible de fournir 20 degrés dans une habitation au départ d’un air extérieur à 2 degrés, par exemple ? C’est là toute la  » magie  » des pompes à chaleur au sein desquelles un compresseur, des échangeurs de chaleur et un détendeur font monter la température d’un fluide avant de le refroidir au cours d’un circuit sans cesse renouvelé.  » Bien sûr, précise Guillaume Fallon, cela nécessite de l’électricité dont la production entraîne des rejets de CO2. Mais c’est largement compensé par le fait que les installations idéales peuvent fournir l’équivalent de 3 à 4 fois l’énergie consommée. En clair, je n’utilise qu’une unité électrique pour fournir trois ou quatre unités de chaleur. Et le tour est joué ! « 

Une deuxième explication à cette méconnaissance des PAC doit sans doute être trouvée dans le peu d’engouement du public pour les incitants financiers proposés. Avec 59 primes octroyées en 2005 en Région wallonne, 163 en 2006 et 275 l’année suivante, les PAC décrivent certes une courbe ascendante qui augure d’un futur meilleur, mais que représentent ces chiffres par rapport aux milliers de primes attribuées dans le seul domaine du solaire photovoltaïque, par exemple ?  » Ces chiffres doivent être considérés avec beaucoup de prudence, nuance Guillaume Fallon, car ils ne sont pas représentatifs. D’abord, les primes ne sont accordées que pour des bâtiments présentant un indice d’isolation prédéterminé et, en outre, tous les types de PAC ne sont pas éligibles. A cela s’ajoutent des conditions telles que l’immense majorité des PAC installées dans le cadre d’une rénovation de bâtiment ne satisfont pas au cahier des charges minimum requis. Et pourtant, on installe de plus en plus de PAC. En clair, ces chiffres sont clairement éloignés de la réalité. « 

Comme si cela ne suffisait pas, les impositions sont différentes dans les trois régions. Mais le facilitateur espère, à terme, une révision des conditions, ce qui ouvrirait le tiroir-caisse à un nombre beaucoup plus important de bénéficiaires. A l’heure actuelle, la Région octroie 1500 euros à l’installation d’une PAC fournissant du chauffage et 750 euros à celle produisant de l’eau chaude sanitaire, les  » combinées  » recevant fort logiquement un montant global de 2 250 euros.  » A cela, précise Guillaume Fallon, s’ajoutent une réduction d’impôt du fédéral et la possibilité de bénéficier d’un éco-prêt à taux zéro. « 

Sensibiliser public et installateurs

Pour mieux faire connaître les pompes à chaleur, pour sensibiliser le public, mais aussi les installateurs potentiels, Guillaume Fallon multiplie rendez-vous et conférences. La route est longue et rares sont ceux qui se souviennent encore de l’époque glorieuse des PAC dans les années 1980, après le second choc pétrolier. Mais les efforts commencent à payer et il suffit, pour s’en convaincre, de voir l’intérêt que manifestent de plus en plus de professionnels : des  » petits nouveaux  » font leur apparition tandis que des frigoristes installés se reconvertissent ou diversifient leurs activités en misant sur les pompes à chaleur. Parmi eux, certains vont plus loin encore et tentent de perfectionner des modèles existants. Ainsi, Jean-Pierre Sellier possède une petite entreprise dans le Namurois et a conçu un prototype combinant une PAC basique et la technologie des panneaux solaires thermiques. Le tout sous le contrôle de la Faculté polytechnique de Mons qui a mesuré les performances de l’engin. Avec, à la clé, des résultats encourageants. Jean-Pierre Sellier envisage une fabrication en série.

Pour vous y retrouver entre pompes à chaleur aérothermiques, géothermiques ou hydrothermiques ; pour vous familiariser avec les modèles air-air, air-eau, etc., surfez sur www.ef4.be

Francis Groff

Les efforts commencent à payer : de nouveaux professionnels font leur apparition

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