Prédire une fourchette de peines possibles en fonction de statistiques de jugements dans des affaires antérieures similaires dénature la fonction de la justice. © STEPHANIE DEMASURE/BELGAIMAGE

Le numérique va-t-il entraver la justice ?

 » L’informatisation du droit modifie non seulement les moyens de diffusion de la loi mais plus profondément son élaboration même.  » Partant de ce constat, le magistrat Antoine Garapon et le chercheur Jean Lassègue étudient dans Justice digitale (PUF, 366 p.) l’impact possible de la révolution numérique sur l’exercice de la justice.  » Jusqu’où déléguer à un traitement informatique l’élaboration des jugements ?  » s’interrogent les auteurs devant les développements de la justice prédictive, celle qui  » ne prétend pas donner au juge « la » solution mais lui indique ce que cent de ses collègues auraient décidé dans l’affaire qu’il doit trancher « . Le numérique permettrait une médiation plus performante et plus fiable parce qu’il réduirait la part d’arbitraire personnel des juges. Oui, mais la justice est aussi -et surtout- affaire de sensibilité humaine, de  » possibilité de déduire d’autres conclusions des mêmes faits « , voire d’imperfection, insistent Antoine Garapon et Jean Lassègue. La justice prédictive et les éventuelles futures plateformes de règlement des litiges en ligne ne sont donc pas sans danger sur la pratique judiciaire. Aussi les auteurs appellent-ils à  » réinventer une nouvelle forme d’Etat puisqu’il reste la seule institution qui puisse contrôler les puissants comme les géants du numérique « . Même s’il aurait gagné de la force à réduire son volet technique, cet essai est précieux car il alerte sur un enjeu majeur pour l’avenir de nos sociétés.

Le numérique va-t-il entraver la justice ?

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