Le MR se dévoile

Interdiction des signes distinctifs dans l’enseignement obligatoire du réseau officiel, impartialité totale dans la fonction publique, y compris les hôpitaux… Les libéraux s’engagent avant les Assises.

C’est sûr, la vie des Assises de l’interculturalité ne sera pas un long fleuve tranquille. Concoctées en vase clos, elles vont devoir affronter le vent du large. Dans l’opposition en Wallonie-Bruxelles, mais l’un des piliers de la majorité fédérale, le MR a anticipé les Assises en menant à marche forcée une suite d’auditions et de réflexions au sein d’un groupe de travail dirigé par Daniel Bacquelaine. Le résultat ? Une note. Une prise de position en faveur d’un modèle de société insistant sur les  » valeurs communes  » plutôt que sur d’éventuels droits différenciés découlant de l’appartenance à une minorité. Et dix propositions  » pour favoriser le vivre ensemble « .

Le groupe de travail va plus loin que Didier Reynders

Le point le plus spectaculaire est l’annonce du dépôt d’une proposition de décret au parlement de la Communauté française en vue d’interdire le port de signes d’appartenance culturelle, religieuse ou politique aux élèves de l’enseignement obligatoire du réseau officiel de la Communauté française et du réseau officiel subventionné. Le groupe de travail va plus loin que le président du parti, Didier Reynders, qui, lors d’une émission Controverse, avait proposé de fixer à 16 ans l’âge à partir duquel une jeune fille pouvait décider, en connaissance de cause, de porter un foulard à l’école. Le groupe Bacquelaine rejette cette idée pour des raisons de fond mais surtout pratiques. Comment l’appliquer, concrètement, dans les classes ? Il n’est pas sûr que le MR reste isolé sur cette position qui, il y a quelques semaines encore, aurait été jugée maximaliste ou inutilement vexante. Dans d’autres cercles ( lire ci-contre), la réflexion avance aussi.

Le MR va prendre des initiatives législatives pour garantir l’impartialité de la fonction publique, hôpitaux publics compris. Pas de distinction, ici, entre le back office et les fonctions au contact avec le public – une hypothèse qu’avait esquissée, en 2004, le Dialogue interculturel. La proposition de loi Defraigne sur l’interdiction du voile intégral dans l’espace public est confirmée. Pour décourager les abus, le MR veut aussi insérer dans la Constitution la prescription selon laquelle  » seul le mariage civil crée des droits et des obligations dans le chef des époux « , en lieu et place de la formulation actuelle qui dit simplement que le mariage civil précède le mariage religieux.

Au rayon des suggestions et autres rappels à la norme, les réformateurs libéraux enjoignent à leurs collègues politiques – en promettant eux-mêmes d’adapter leurs statuts – de ne présenter aux élections que des candidats porteurs des  » valeurs universelles  » décrites dans la partie philosophique de la note. Elles correspondent à l’héritage des Lumières et rejettent, sans surprise, le relativisme culturel qui, par exemple, soumet certains individus, dont beaucoup de femmes, aux normes particulières du groupe auquel elles appartiennent.

Le MR demande un débat à la Communauté française sur l’organisation d’un cours commun des religions et des philosophies – un monstre du loch Ness – et un cours commun d’éveil à la citoyenneté. Il rappelle la nécessité du respect intégral des programmes scolaires, préconise la formation des enseignants à l’interculturalité et concède que, si menus différenciés il peut y avoir dans les cantines scolaires, les repas, en tout cas, doivent être pris ensemble.

MARIE-CÉCILE ROYEN

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