Le MR dans un fauteuil

Thierry Fiorilli
Thierry Fiorilli Journaliste

UNE GROSSE ANNÉE AVANT DES ÉLECTIONS CAPITALES, deux partis semblent déjà assurés de ne pas pouvoir les perdre. La N-VA et le MR, qui ressemblent à ces équipes qualifiées d’office pour disputer la phase finale d’une Coupe du monde alors que les autres s’entretuent toujours en matchs éliminatoires, la peur au ventre. Ce statut privilégié possède au moins trois vertus : il autorise d’envisager l’avenir avec une grande sérénité, permet de se préparer minutieusement à l’exercice du pouvoir et accorde par anticipation une influence décuplée sur les politiques qui seront menées sous la prochaine législature.

Là, dans le contexte actuel et sur la base des cartes que chaque formation détient dans son jeu, les nationalistes flamands et les libéraux francophones apparaissent comme les deux incontournables d’après-scrutin de 2014. On votera tant à l’échelon fédéral que régional (en plus de l’européen) : il faudra donc confectionner, en même temps, des majorités pour gouverner le pays et, côté francophone, Bruxelles et la Wallonie. Et au vu des contorsions auxquelles doivent se livrer ceux qui, aujourd’hui, participent à un niveau de pouvoir mais sont dans l’opposition ailleurs, au vu des incohérences de discours et d’actions que génère cette asymétrie, on peut parier que les exécutifs issus des élections de l’année prochaine seront identiques, dans leur composition, au fédéral et au régional. Et donc, que ceux qui montent dans un gouvernement participeront à tous les gouvernements auxquels ils peuvent constitutionnellement prétendre.

Du coup, on voit mal le PS, même affaibli, même peut-être dépassé par le MR sur tous les terrains, rester au bord de la route et renvoyé dans l’opposition – après un quart de siècle passé à tout diriger.

Autour de la table de jeu, trois sièges seraient dès lors déjà occupés : un par la N-VA, un par le MR (même sans l’Open-VLD), un par le PS – celui avec les accoudoirs un peu élimés. De quoi faire paniquer ou perdre les pédales aux autres. Au sein de la prétendue et si mal nommée Fédération Wallonie-Bruxelles, ces  » autres « , ce sont Ecolo et le CDH surtout. En l’état, c’est chez les verts évidemment qu’on a déjà compris que le temps du pouvoir (à Bruxelles et en Wallonie) est déjà presque révolu. Parce que les déchirements du gouvernement wallon, réels, en public comme en interne et suscités par l’affaire du coût des panneaux photovoltaïques ainsi que par la réforme du Code de l’aménagement du territoire, aboutissent à un double constat, implacable : un, sans forcément qu’il y ait (eu) complot, tout le monde bombarde Ecolo, l’accusant d’intégrisme et d’amateurisme ; deux, le parti d’Olivier Deleuze et Emily Hoyos cultive décidément la tradition d’irriter au plus haut point ses partenaires de législature, après à peine un ou deux ans.

Beaucoup de choses peuvent se produire encore d’ici au printemps 2014, mais comme la crise économique et sociale ne se calmera pas à court terme, pas plus que la guérilla entre partenaires de l’exécutif wallon, et comme le PS va payer électoralement l’une comme l’autre, un parti, un seul, peut déjà préparer la manière dont il tentera de gouverner demain, la Belgique, la Région de Bruxelles-Capitale et la Wallonie face à Bart De Wever.

C’est le MR. Aux autres de tenter de s’accrocher à lui. Il devrait pouvoir décider de sa cour quand bon lui semblera.

THIERRY FIORILLI

Aux autres de tenter de s’accrocher au MR. Il devrait pouvoir décider de sa cour quand bon lui semblera

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