Le juste prix des actions (1)

Comment évaluer correctement les Bourses ? Plusieurs modèles existent. Mais de là à dire qu’il s’agit d’une science exacte…!

Depuis les attentats du 11 septembre, les marchés boursiers ont connu une hausse spectaculaire : 20% en moyenne. Dans le même temps, les perspectives économiques se sont continuellement dégradées, et les mauvaises nouvelles se sont succédé sans relâche sur le front des perspectives bénéficiaires des entreprises. 2001 s’annonce, à ce titre, comme une année catastrophe, avec un recul attendu des bénéfices des grandes entreprises américaines de plus de 20% par rapport à l’année 2000. Difficile dans ces conditions d’y voir clair sur l’avenir des actions pour 2002. Difficile, aussi, de ne pas croire aux propos pessimistes de certains analystes qui soulignent le niveau surévalué des actions. Surévaluées, les actions, alors que les compteurs finissent partout dans le rouge avec des pertes avoisinant les 15% ?

Tout dépend de l’angle sous lequel le marché est analysé. Mathématique financière et jugement personnel se conjuguent en effet pour aboutir à des conclusions parfois fort divergentes.

Modélisation mathématique

Si l’évaluation des actions n’est pas une science exacte, les analystes n’en développent pas moins des modèles mathématiques parfois fort sophistiqués pour déterminer le  » juste prix  » de la Bourse. Différents paramètres entrent en compte. Certains sont d’ordre macroéconomique, comme les taux d’intérêt, la croissance économique ou l’inflation ; d’autres sont microéconomiques, comme les bénéfices des entreprises passés et à venir.

Au-delà des aspects purement mathématiques de ces modèles, une dimension subjective demeure en permanence dans la valorisation des actions. En effet, théoriquement, le cours de Bourse d’une action doit être équivalent à la valeur actuelle (c’est-à-dire en euros d’aujourd’hui) de tous les bénéfices futurs que cette action va générer. Le principe n’est pas différent de celui permettant de déterminer la valeur d’une obligation, à deux grandes exceptions près : 1. les bénéfices futurs sont par nature inconnus et doivent être estimés ; 2. le taux d’intérêt utilisé pour actualiser en euros d’aujourd’hui les bénéfices futurs sera supérieur au taux utilisé pour actualiser les intérêts futurs des obligations. Il incorporera en effet ce que l’on appelle une prime de risque, reflétant l’incertitude relative aux bénéfices futurs.

Au delà de ce schéma mathématique compliqué, un point majeur doit être retenu : les modèles de valorisation de la Bourse se fondent sur des hypothèses subjectives en matière de bénéfices futurs et en matière de prime de risque. Cette dernière peut bien sûr être simplement reprise de l’observation statistique du passé, mais le passé n’est pas ici non plus garant de l’avenir. Conséquence de cette méthodologie : des analystes professionnels délivrent simultanément des messages contradictoires sur la cherté relative de la Bourse. Cette situation est finalement normale et traduit le fonctionnement des marchés boursiers depuis leur origine.

Un modèle simple

A long terme, les paramètres déterminant principalement la valeur des actions se résument à peu de chose : les bénéfices des entreprises et les taux d’intérêt. Ceux-ci peuvent toutefois être nuancés par le niveau d’inflation, ce dernier paramètre permettant de mieux cerner le juste prix de la Bourse.

Si certains modèles sophistiqués ont été développés par des analystes professionnels à partir de ces paramètres, une approche simplifiée, à la portée de tous, permet déjà de se faire une bonne idée de ce que vaut réellement la bourse. Il s’agit d’une modélisation simplifiée, qui compare l’indice boursier américain Standard and Poors 500 avec sa valeur théorique, sur la base des bénéfices des entreprises, des taux d’intérêt et de l’inflation.

Nous détaillerons cette approche la semaine prochaine.

Dominique Daoût

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