Death Stranding cristallise le passage à l'âge adulte du jeu vidéo. © dr

Le jeu vidéo a mûri

Du gaming indépendant délivrant un message sociétal à la professionnalisation du sport électronique, les pratiques du jeu vidéo explosent ces cinq dernières années. Le médium interactif vit donc aujourd’hui un passage à l’âge adulte que Death Stranding cristallise avec une force inouïe. Connu pour avoir marié avec doigté cinéma et jeu vidéo comme nul autre ces vingt dernières années, Hideo Kojima, son créateur, y brosse une humanité au bord de l’extinction face à un envahisseur extraterrestre impalpable. L’ombre d’ Under the Skin de Jonathan Glazer, de Premier Contact de Denis Villeneuve et d’ Interstellar de Christopher Nolan planent sur la vision SF sobre du père des Metal Gear Solid. Mieux, en engageant notamment Guillermo Del Toro et Norman Reedus (l’interprète de Daryl dans The Walking Dead) dans le rôle principal de Sam, le créateur du jeu embarque des acteurs densifiant son univers barge.

Livrant à pied des colis entre des bunkers où s’est réfugiée l’humanité, Sam explore une version outrancière mais plausible de notre société. Coursiers indépendants cinglés, réseaux sociaux sous forme de menottes aux poignets, terrorisme décentralisé… Doucement, Kojima tend sa toile pour peindre son rapport vénéneux à la mort, à la paternité et à la naissance. Un foetus vivant enfermé dans un bocal plaqué sur le ventre du héros réagit d’ailleurs en permanence aux moindres gestes de ce dernier. Pensé comme un walking simulator au milieu de paysages à couper le souffle, Death Stranding est donc une oeuvre à part. Une vision ludique imparfaite, mais singulière et doublée d’un budget de production conséquent. Un cas unique qui fera date.

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