Le Google de papier

Caroline Dunski Journaliste

Jusqu’au 1er juillet 2013, le Mundaneum présente Renaissance 2.0, une exposition qui amène le public aux origines du Web et des moteurs de recherche… Un concept belge.

Infos : Mundaneum, 76, rue de Nimy, 7000 Mons; 065 31 53 43. www.mundaneum.org

C’est connu, nul n’est prophète en son pays et les Belges ont la réputation d’être modestes. Pourtant, même si au niveau local de Mons, voire de la Belgique, l’information est relativement méconnue, il n’empêche que, d’un point de vue conceptuel, l’idée du Net est bel et bien née en Belgique. Lors du World Science Festival, qui se tenait à New York en juin dernier, Paul Otlet, juriste fondateur du Mundaneum, se voyait unanimement reconnaître la paternité du concept de l’Internet.  » C’est dingue de mesurer le gap entre l’information connue chez nous et la reconnaissance internationale avec le buzz qu’a provoqué la couverture presse. Cela fournit un intéressant sujet de questionnement, souligne Delphine Jenart, responsable de la communication du Mundaneum. On arrive au bon moment pour raconter cette histoire-là. « 

Jusqu’au 1er juillet 2013, le Mundaneum, soutenu par Google, présente l’exposition Renaissance 2.0 qui amène le public aux origines du Web et explique l’histoire du Mundaneum en la confrontant à la révolution numérique et en montrant ce qui est venu avant et après les fondateurs du Mundaneum.

Réunir les savoirs du monde

Fin du XIXe siècle, avec l’aide de nombreux bénévoles, Paul Otlet et Henri Lafontaine, lauréat du prix Nobel de la paix en 1913, entendent réunir tous les savoirs du monde et mettent au point un système de classement qui organise le  » Répertoire bibliographique universel « , premier moteur de recherche de l’histoire et préfiguration des liens hypertextes. Certains dessins de Paul Otlet montrent d’ailleurs combien l’homme était visionnaire. Avant même que naisse la technologie susceptible de concrétiser ses intuitions, il dessine un réseau reliant téléphone, livre et écran : la vidéo-conférence avant l’heure. Et le partage des connaissances voulu par Otlet n’est-il pas l’ancêtre des encyclopédies participatives ?

Le commissariat de l’exposition a été confié à Vincent Delvaux, rédacteur en chef de magazines dédiés aux arts et technologies numériques, qui a concocté une nouvelle façon de raconter les choses, en les plaçant dans une perspective historique. Il montre ainsi qu’à toutes les époques, classer le monde a été une obsession des hommes. Collecter textes, images et sons permet d’expliquer le monde. Les fondateurs du Mundaneum, eux, étaient convaincus que la connaissance du monde permettrait de promouvoir la paix entre les peuples.

Aujourd’hui, si l’on mettait côte à côte l’ensemble des boîtes de documents détenues par le Mundaneum, on obtiendrait six kilomètres d’archives. Dès août 2013, le Mundaneum fermera ses portes pour entamer des travaux qui amélioreront la conservation et l’accès aux archives. Il les rouvrira au printemps 2015 avec une toute nouvelle infrastructure.

CAROLINE DUNSKI

Classer le monde a toujours été une obsession des hommes

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