Le fourre-tout de LiDé

Le programme électoral de LiDé, c’est BHV, le Bazar de l’Hôtel de Ville, vénérable grand magasin parisien où, comme disait la pub,  » on trouve toujours quelque chose « . Le BHV est surtout reconnu pour son rayon bricolage.

Les intitulés des dix priorités, présentées samedi devant quelque 200 personnes à Wanfercée-Baulet, ne peuvent que mettre tout le monde d’accord. Quant aux moyens envisagés pour les réaliser…

Jacques Litwak prend place au micro. Il déballe ses petites affaires : un sac en plastique, un sac en papier, une carotte. Il sort un couteau et coupe le collet de la carotte. Il en exhibe les deux parties devant un auditoire interloqué.  » Voilà, j’ai fait un déchet « , explique-t-il.

Cofondateur et vice-président de LiDé, le Brabançon Jacques Litwak, entrepreneur et essayiste tel qu’il se définit, a la tâche de présenter l’une des priorités du parti,  » Vivre le développement durable « . Le principe : il faut mettre en place une Wallonie responsable et respectueuse de son environnement. Comment ne pas être d’accord ?

Les citoyens doivent donc trier leurs déchets, et préférer le sac en papier à celui en plastique, à moins que celui-ci ne soit d’origine végétale, et recyclable. Et le principe du pollueur-recycleur doit remplacer celui du pollueur-payeur : pourquoi les riches ou les entreprises pourraient-ils se payer le droit de polluer, et les Etats acheter des quotas d’émission de CO2 ?

Quant à l’énergie, la position de LiDé est qu’il faut privilégier les énergies alternatives, et principalement celle du soleil, qui est 7 000 fois supérieure à la consommation totale de la planète. Ce n’est pas plus compliqué que cela.

 » Vous voyez, intervient Rudy Aernoudt, nous sommes plus écologistes qu’Ecolo. « 

Et aussi plus libéraux que le MR. LiDé propose en effet de  » Réduire la charge fiscale « . C’est un fiscaliste, brabançon également, Serge Tihon, qui est chargé de présenter cette priorité. Pas d’impôt sur les revenus inférieurs à 12 500 euros brut par an par personne. Au-delà, une  » flat tax « , un taux unique de 25 %. Un impôt proportionnel, et non plus progressif : tout bénéfice pour le fisc, selon l’orateur, puisque les recettes vont grimper, car il n’y aura plus d’évasion fiscale, les riches et les entreprises ne seront plus incités à tricher.

Blague d’Aernoudt :  » Qui va y perdre ? Ce sont les fiscalistes ! « 

Les vrais pauvres

Les priorités sont égrenées à la vitesse du TGV.  » Lutter contre la pauvreté « , est défendue par le troisième cofondateur de LiDé, Eric Bruckmann,  » le seul qui travaille à l’aéroport de Liège « , plaisante encore Aernoudt. Pour son acolyte, qui a monté une petite société de fret aérien et de douane à Bierset, la priorité, c’est de distinguer les vrais et les faux pauvres. Dans ces derniers, on classera ceux qui, s’ils n’ont pas de boulot, ont un patrimoine mais émargent au CPAS. Ou encore ceux qui bénéficient, indûment, d’un logement social par l’effet du clientélisme.

 » Les vrais pauvres, poursuit l’orateur, ce sont ceux qui travaillent, et qui gagnent à peine plus que ceux qui sont au chômage.  » Et moins que ceux qui travaillent au noir.

Au chapitre  » enseignement-formation « , Bernard Surlemont, professeur à l’ULg, plaide pour, à tout le moins, rassembler les réseaux officiels, et faire coopérer tous les réseaux.  » Valoriser l’administration  » incombe à la Brabançonne Nathalie Noiret, jeune fonctionnaire à la Communauté française. Il faut réduire drastiquement le nombre de fonctionnaires, ne remplacer qu’un des trois qui arrive à la pension, abolir les provinces, les ASBL parapolitiques et les cabinets ministériels. Il faut aussi remplacer le statut de nomination à vie pour le remplacer par un contrat qui sera périodiquement évalué, ce qui galvanisera les troupes. Et bien sûr dépolitiser.

Ensuite, Thierry Rommel, haut fonctionnaire européen esquisse un Etat  » régulateur, fort, mais svelte  » où les ministres fixent les orientations, l’administration exécute, en toute indépendance. C’est elle qui octroie les marchés publics, les subsides, les permis, à l’abri du politique, pour faire obstacle au clientélisme.

Il faut aussi  » rendre la politique propre « , affirme Jérôme Munier, commercial, qui termine à la VUB son mémoire consacré au financement des partis. Il faut limiter les mandats, en nombre (2) et en durée (5 ans).

Chômeur, ce n’est pas un métier

Sylvie Wodon parle de  » stimuler le goût d’entreprendre « . Elle a été directrice de la Chambre de commerce et d’industrie de Namur, Business Manager chez Mediafin ( L’Echo, etc.), et est aujourd’hui consultante en communication. Au sein du cabinet Kubla, précédent ministre MR de l’Economie, elle a travaillé avec Rudy Aernoudt à la mise en £uvre du  » Plan 4 x 4 Entreprendre « .

Nathalie Jacquet, employée de banque à Charleroi, s’attaque avec enthousiasme à défendre la priorité  » Revitaliser le marché de l’emploi et stimuler le goût du travail  » . Elle récite sa leçon.  » Le chômage est nécessaire, pour les gens qui perdent leur emploi, mais il n’est pas digne de laisser une personne trop longtemps dans cet état, c’est lui manquer de respect. Il faut rendre à chacun une place valorisante dans la société. « Comment ? En limitant à trente-six mois les allocations de chômage. Au bout des trois ans, la personne  » renonce  » à les percevoir, les conserve en contrepartie d’un travail d’intérêt public non marchand organisé par les communes, ou émarge au CPAS.

En parralèle, la lutte contre le travail au noir serait intensifiée, par le renforcement des contrôles et des sanctions (flagrant délit, cinq ans d’exclusion), tandis qu’il serait mis fin au financement des syndicats sur la base du nombre de chômeurs affiliés.

Le député montois Richard Miller, envoyé en observateur par le MR à Wanfercée, ne pourra s’empêcher de rétorquer que  » en Brabant wallon, on ne peut pas se rendre compte de ce qu’est la pauvreté dans une région comme le Borinage… « .

Pour conclure, Rudy Aernoudt édictera le dixième commandement :  » Réformer l’Etat « .

Parmi ses préceptes : la circonscription fédérale unique, le scrutin majoritaire à deux tours, l’application du principe de subsidiarité (exercice des compétences au niveau de pouvoir le plus approprié) et la réfédéralisation de certaines matières régio-communautarisées.

LiDé prône, enfin, la suppression des provinces, des Communautés, des ASBL politiques, de la Cocof, de la Cocon, etc. Quand il n’y aura plus de chevauchement de compétences, il n’y aura plus de blocage, assène Aernoudt. Il suffisait d’y penser.

M.D.

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