Le cruel solo de Numero Uno

Hors Verhofstadt, point de salut immédiat pour un parti en panne inquiétante de leadership. L’Open VLD reste dangereusement tributaire du jeu très personnel de sa figure de proue.

Il n’y en a que pour lui. A chacune de ses apparitions sur les plateaux de télé, il crève l’écran. Lunettes branchées, look décontracté, Guy Verhofstadt est revenu tout rajeuni dans le parcours politique. Tout requinqué par l’année de retraite qu’il s’est imposée. L’air de sa Toscane chérie a regonflé à bloc  » Numero Uno « , lancé dans une offensive de charme résolument médiatique. Verhofstadt a la pêche. Et garde la cote. La couronne de sauveur de la nation, que lui ont tressée les Belges lors de l’interminable crise institutionnelle de 2007-2008, est intacte. Elle vaut à l’ex-Premier ministre une insolente popularité qui le fait encore caracoler en tête des sondages, toutes régions confondues.

Verhofstadt superstar. Son parti a tout lieu d’en être ravi. Le  » Grand Bleu  » fait toujours rêver l’Open VLD. Sa réélection triomphale à la vice-présidence du parti, les  » standing ovations  » lors de ses apparitions aux congrès de parti l’attestent : les militants n’ont pas tourné la page de leur idole.  » Un visionnaire, qui sait parler aux tripes des militants. Il reste LE chef « , s’enflamme Mathias De Clercq, l’un de ses plus fervents admirateurs. Le parti serait fou de se priver du rayonnement d’une telle pointure. Nul autre que Verhofstadt, au sein de l’Open VLD, ne tire aussi bien son épingle du jeu dans les baromètres de popularité et n’est capable de surpasser l’autre libéral en vogue, Jean-Marie Dedecker, dans le c£ur des Flamands. Mais ce cavalier seul en devient gênant pour ses pairs, du même coup ravalés au statut de seconds couteaux.  » Verhofstadt, c’est un peu le Merckx de l’équipe. Les autres coureurs ne sont pas mauvais, mais ils n’arrivent pas à sa cheville « , résume un parlementaire. L’image se vérifie cruellement dans la compétition électorale. Les têtes de liste, y compris les ministres régionaux sortants, se placent sagement dans la roue du chef de file. C’est du plus fâcheux effet : Verhofstadt mène la course en tête, ses équipiers donnent l’impression de tirer la langue pour suivre le rythme de leur champion. La présidente du CD&V, Marianne Thyssen, ne s’y trompe pas lorsqu’elle raille l’espoir de l’Open VLD de devenir le premier parti de Flandre au soir du 7 juin :  » Mais avec qui, comme ministre-président ?  »  » Pas de candidat « , a répliqué le président Somers, bien en peine à ce stade de sortir un nom du lot.

 » Le problème de Verhofstadt, c’est qu’il roule pour lui « 

Tout le peloton à la vareuse Open VLD fait la grimace. L’incertitude sur les ambitions du  » Grand Guy  » ne facilite pas les plans de carrière de ses compagnons de route.  » Le problème de Verhofstadt, c’est qu’il roule pour lui « , résume, agacé, un baron du parti.  » Son agenda n’est pas ouvert. Il n’a pas totalement décroché de la politique belge.  » Certitude : il n’est pas du genre à faire de la figuration. D’aucuns le voient revendiquer le poste de commissaire européen que lorgne un certain… Karel De Gucht. L’ambitieux, imprévisible et gaffeur ministre des Affaires étrangères n’est pas vraiment l’ami de Verhofstadt. Mais il est le seul ténor de l’Open VLD qui paraît encore en mesure de se dresser sur sa route. Ce n’est plus le cas de l’ex-ministre de l’Intérieur Patrick Dewael, le complice de toujours, mis sur la touche à la présidence de la Chambre après sa gestion controversée de nominations à la police. Ni de Bart Somers, le président faiblard du parti, toujours en quête de légitimité électorale. Longue vie à Verhofstadt. En attendant que la relève (Mathias De Clercq, De Gucht Junior, etc.), prometteuse mais encore un peu tendre, ne mette fin à la cruelle panne de leadership.

P. Hx

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