Le Crioc se hâte lentement

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Le plan stratégique du Crioc nouvelle formule prend du retard. Certains (s’im)patientent au conseil d’administration. D’autres claquent la porte. Il n’y a pourtant pas de temps à perdre…

Ceux qui attendaient le 14 mai pour découvrir le nouveau plan stratégique du Centre de recherches et d’informations des organisations de consommateurs (Crioc) en sont pour leurs frais. Un document a été remis au conseil d’administration mais il n’a pas été discuté. Le directeur général du Centre, Marc Vandercammen, en voyage, était absent. Les administrateurs qui ont parcouru le texte y ont en outre retrouvé de très nombreux passages déjà présents dans une précédente version du document.  » On se moque de nous « , ont lâché plusieurs d’entre eux.

Symboliquement, ce document aurait pu marquer le coup d’envoi d’un Crioc nouveau. Il devra être sérieusement retravaillé pour donner satisfaction au conseil… et au SPF Economie, principal pourvoyeur de fonds du Crioc. C’est un des éléments qui ont joué dans la décision de la Ligue des familles de quitter le CA. Son secrétaire général, Denis Lambert, a estimé qu’il n’avait pas obtenu gain de cause sur ses revendications : la transmission transparente de toutes les informations nécessaires, notamment financières, et un plan stratégique qui réoriente le Crioc vers son rôle de coupole des organisations de consommateurs, avec intégration de nouveaux acteurs de la consommation.

D’autres administrateurs pourraient faire de même, s’ils estiment trop faible la volonté de l’ensemble du conseil d’aller fermement de l’avant. La désignation d’un manager de crise a d’ailleurs été évoquée mais le poids doublé du vote de la présidente, Ann De Roeck, a recalé cette proposition. Pour l’heure, tous disent attendre le résultat des audits en cours, prévu mi-juin. Le premier audit, mené par la firme Kite Consultants, se penche sur la gestion des ressources humaines. Le seconde, dirigé par René Patesson, directeur honoraire du centre de psychosociologie de l’opinion de l’ULB, s’attachera à la qualité des enquêtes produites par le Crioc. Enfin, la firme KPMG remettra ses conclusions d’ici à un bon mois et dira si les moyens attribués par le SPF Economie au Centre sont bien utilisés dans le cadre fixé par le contrat de gestion.

La secrétaire générale de la FGTB, Anne Demelenne, a, par exemple, confirmé qu’elle  » prendrait position sur la base de ces audits « . Le mandat du secrétaire fédéral du syndicat, Daniel Van Daele, également vice-président du Crioc, reste suspendu d’ici là. Cette décision avait été prise il y a deux mois par sa hiérarchie qui estimait qu’il ne pouvait continuer à siéger au conseil après avoir été mis en cause personnellement dans le dossier du Crioc. Daniel Van Daele n’en a pas moins assuré un intérim de remplacement lors de la réunion de ce 14 mars, assurant d’ailleurs qu’il obtiendrait sans peine les informations que les autres administrateurs réclament en vain depuis deux mois.

 » Les choses avancent et l’on travaille dans un élan positif « , affirme la vice-présidente Caroline Jonckeere (CGSLB). Les liens contractuels entre le Crioc et Power4you, une coopérative d’achat collectif d’énergie, ont ainsi été coupés. Mais Marc Vandercammen et Daniel Van Daele continuent à cumuler les mandats dans les deux organisations. La renégociation de la subvention et du contrat de gestion qui lie le SPF Economie au Crioc est au point mort, dans l’attente de la conclusion de l’audit. Il devrait pourtant être prêt pour septembre. Ils sont quelques-uns, désormais, à redouter que le Crioc aille droit dans le mur…

LAURENCE VAN RUYMBEKE

Certains redoutent que le Crioc aille droit dans le mur

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