Le cosmopolitisme dans la peau

Julie Luong

Liège attire aujourd’hui un nombre croissant d’étudiants étrangers. Un vent de cosmopolitisme qui participe au mouvement de métropolisation qu’ambitionne aujourd’hui la ville.

Quelque 160 nationalités sont représentées parmi les 200 000 habitants de la Cité ardente. Terre historique d’immigration, en particulier italienne, Liège a le cosmopolitisme dans la peau. Sa restauration, sa vie culturelle et son ambiance bon enfant doivent beaucoup à ce mélange des genres. Mais ces dernières années, le phénomène s’est accru sous l’impulsion de la volonté européenne de favoriser les échanges, notamment entre universités.

 » Chaque année, l’Université de Liège accueille 700 étudiants Erasmus et environ 100 chercheurs étrangers « , commente Brigitte Ernst, responsable du centre de mobilité Euraxess à l’ULg. Voilà pour la partie émergée de l’iceberg. Car en réalité, sur les 20 000 étudiants que compte l’Université de Liège, 23 % viennent de pays étrangers !

Pas étonnant qu’on croise désormais si souvent, au coin des rues, de doux accents espagnols, italiens, français…  » En Belgique, le système universitaire est très généreux. Le français est beaucoup plus sélectif « , pointe Brigitte Ernst. Certaines filières comme la kiné ou la médecine vétérinaire sont bien connues pour attirer un nombre important d’étudiants hexagonaux. Le pourcentage d’étudiants non-résidents inscrits y a d’ailleurs été limité à 30 %. Mais le  » généreux système  » n’explique pas tout. Pourquoi ces étudiants choisissent-ils Liège plutôt qu’une autre université belge ?

Pour comprendre ce phénomène, il faut aller voir du côté du logement. Aux alentours de la rue Saint-Gilles, on trouve encore facilement un kot pour 250 ou 300 euros. Une bagatelle comparée aux prix du marché de la location bruxelloise. La structure de la ville permet par ailleurs de se déplacer facilement à pied. Et puis il y a la gare TGV, qui facilite les allers-retours des Français ou des Allemands. Les étudiants sont aussi attirés par la dimension festive : avec sa  » discothèque à ciel ouvert  » qu’est le Carré, Liège est aussi un haut lieu de guindailles.

Une position centrale en Europe

Qu’ils fréquentent l’université, les hautes écoles ou les conservatoires, ces étudiants sont aussi parfois amenés à commencer leur carrière à Liège, voire à s’y installer définitivement. Les artistes, en particulier, ont fait de la Cité ardente une terre d’élection.  » L’histoire des migrations n’est pas à l’origine une histoire de migration culturelle mais on dénombre désormais à Liège un nombre considérable de structures actives dans le monde des arts qui sont animées par des personnes venant d’autre pays « , souligne Jean-Pierre Hupkens, échevin socialiste de la Culture et de l’Urbanisme.

Les Résidences-Ateliers Vivegnis International (Ravi), installées sur un ancien site industriel du quartier Saint-Léonard, face aux Coteaux de la Citadelle, accompagnent aujourd’hui ce mouvement. Des appartements et ateliers y sont mis à disposition d’artistes plasticiens.  » En 2013, nous avons reçu quelque 130 dossiers de candidature, de Belgique, de France mais aussi d’Allemagne, du Bénin, du Cameroun, du Maroc, de Suède, de Thaïlande et du Togo. Nous avons aussi accueilli deux artistes indiens « , détaille Jean-Pierre Hupkens.

Initié par le projet de ville 2007-2015, Vivegnis International s’inscrit dans ce désir de faire rayonner Liège.  » La deuxième étape est d’envoyer à notre tour des artistes liégeois à l’étranger. Il y a aujourd’hui une volonté claire de positionner la ville sur la carte de l’Europe, notamment avec des collaborations qui se multiplient dans le cadre de l’Euregio « , conclut encore l’échevin. Décentrée en Belgique mais très centrale en Europe du Nord, Liège prouvera-t-elle que le meilleur du cosmopolitisme n’est pas réservé aux capitales ?

Julie Luong

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