Le baromètre des placements

En avril, les surprises sont venues d’outre-Atlantique : baisse inattendue des taux d’intérêt et regain de croissance. De bonnes nouvelles, enfin.

Les placements à taux fixe

La Banque centrale américaine a baissé ses taux directeurs le mois dernier, pour la quatrième fois consécutive depuis le début de l’année. Le but de la manoeuvre, qui a surpris tout le monde, est de soutenir l’économie américaine, à la peine depuis quelques mois.

La Banque centrale européenne (BCE), dont le rôle consiste principalement à surveiller la stabilité des prix dans la zone euro et moins l’évolution de l’économie, n’a pas plié face aux insistances de nombreux responsables politiques et économiques : elle n’a pas baissé ses taux. C’est qu’avec un niveau d’inflation à 2,6 %, soit au-delà de l’objectif maximal de 2 %, sa marge de manoeuvre est plutôt étroite. Conséquence : les taux à court terme, qui avaient baissé en mars, sont repartis à la hausse. Les conditions sur les comptes d’épargne n’ont guère évolué, les grandes banques continuant d’offrir des taux peu en phase avec ceux du marché. Ce n’est pas le cas des petites institutions, de loin plus généreuses quant aux rendements qu’elles offrent.

Les taux obligataires sont aussi repartis à la hausse en avril. Les marchés obligataires ont en effet été mis sous pression, d’une part par le retour des investisseurs vers les actions, après la publication de chiffres un peu plus rassurants sur la santé de l’économie américaine, d’autre part par la pression inflationniste qui n’a pas encore été tout à fait enrayée en Europe. Les bons de caisse ont suivi le mouvement, affichant une hausse de 0,20 % pour le bon à un an, 0,15 % pour les bons à trois et cinq ans.

Le marché des devises

La stabilité a marqué l’ensemble du mois d’avril sur le marché des devises. Le rapport de forces entre l’euro et le dollar n’a évolué qu’entre les 0,88 et 0,9 dollar pour 1 euro, et ceci malgré la hausse surprise de la croissance américaine. Si le dollar n’a pu en bénéficier, c’est parce que son niveau actuel semble déjà beaucoup trop élevé. Des taux aujourd’hui moins intéressants côté américain que coté européen et des prévisions de croissance très moyennes nous font penser que le dollar continue de défier toute logique en s’affichant aussi surévalué par rapport à l’euro.

Quant à la divulgation du nom du nouveau premier ministre japonais, elle n’a pas augmenté l’enthousiasme des investisseurs pour la monnaie nipponne. Comme le dollar, la monnaie nipponne demeure largement surévaluée par rapport à l’euro. Il ne faut donc pas investir dans ces deux monnaies.

Inflation et taux d’intérêt

Le mois d’avril a, une fois de plus, été marqué par la baisse des taux directeurs un peu partout sauf dans la zone euro. La baisse des taux de la Réserve fédérale américaine a surpris tout le monde : cette quatrième baisse d’un demi point sur quatre mois ramène les taux américains à 4,5%, soit un quart de point de moins que ceux de la Banque centrale européenne (BCE). Pour la première fois depuis la création de la monnaie européenne, les taux de la BCE sont donc supérieurs à ceux proposés outre-Atlantique. Ce mouvement à la baisse a été suivi sur l’ensemble de la zone dollar.

Le Canada et la Nouvelle-Zélande continuent de préparer leurs économies à affronter les vents froids d’Amérique. Dans ces deux pays, les taux ont baissé d’un petit quart de point. Une baisse des taux directeurs a également eu lieu en Angleterre. Alors que les autorités monétaires britanniques s’interrogeaient sur la possibilité d’une baisse juste avant les élections qui risquerait d’être vue comme une manoeuvre politique, le gouvernement Blair a, pour cause de crise de fièvre aphteuse, repoussé d’un mois la date des élections législatives. La Banque d’Angleterre en a profité pour baisser ses taux directeurs. Cette mesure était attendue car les Britanniques risquent de souffrir plus que les autres économies européennes du ralentissement aux Etats-Unis.

De notre coté de la Manche, le mois d’avril aura été décevant. Alors que l’inflation se maintient à des niveaux incompatibles avec les objectifs visés par les autorités monétaires, Wim Duisenberg et ses pairs semblent désormais bien décidés à ne pas baisser les taux directeurs européens avant que l’inflation dans les pays de la zone euro ne soit sous contrôle. Pas évident : aux Pays-Bas et au Portugal, par exemple, elle frôle la barre des 5%.

Les marchés boursiers

Une fois de plus, Alan Greenspan a fait parler de lui en ce mois d’avril avec la baisse surprise des taux directeurs américains. Cette baisse étant considérée comme un prélude à un redressement économique, la Bourse y a été réceptive avec un beau rebond enregistré y compris sur le Nasdaq, la Bourse des valeurs technologiques.

A cette manoeuvre monétaire sont venus s’ajouter deux éléments positifs. D’une part, les résultats trimestriels américains ont, dans l’ensemble, été jugés satisfaisants, bon nombre d’entreprises parvenant à battre les prévisions. En maître d’oeuvre, IBM a ainsi légèrement battu les attentes quant à son chiffre d’affaires.

D’autre part, en fin de mois, la publication des chiffres de croissance économique pour le premier trimestre (2 %) a causé une agréable surprise, car elle était pratiquement deux fois supérieure à ce que l’on attendait. Si tout danger n’est pas exclu de l’horizon conjoncturel américain, la crainte d’une récession s’éloigne. Mais les Etats-Unis exhortent également l’Europe et le Japon à prendre des initiatives en faveur de la croissance.

La Banque centrale européenne refuse de baisser ses taux, s’en tenant à son rôle de chienne de garde des tensions inflationnistes. L’institution reste confiante dans une croissance économique européenne, bien qu’ayant légèrement abaissé ses prévisions aux alentours de 2,5% cette année. Lors de la publication de leurs résultats trimestriels, certaines grandes entreprises européennes ont d’ailleurs montré un optimisme prudent pour la suite, à l’instar de L’Oréal ou de Volkswagen. Certaines grandes entreprises technologiques ne sont pas totalement immunisées contre le ralentissement high tech américain comme l’ont montré les résultats de Philips ou d’Infineon.

Globalement, les Bourses européennes ont redressé la tête, profitant aussi de la situation rassurante Outre-Atlantique : le rebond fut surtout marqué sur la Bourse de Paris, aidée par ses valeurs technologiques, tandis que les  » petites  » Bourses de Bruxelles et de Lisbonne n’ont pas participé à la fête. Quant au Japon, l’arrivée d’un nouveau Premier Ministre fut un signe d’espoir sans pour autant dissiper totalement les lourds nuages qui planent sur l’économie japonaise, en panne d’inspiration. La Bourse japonaise reste trop chère. Les meilleures opportunités sont toujours à trouver sur les Bourses belge, néerlandaise et britannique.

Budget Hebdo

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