Le baromètre des placements

L’incertitude américaine continuee à peser sur l’évolution des marchés. Les Bourses, elles, ont tranché : février aura été bien sombre…

Les placements à taux fixe.

C’est l’incertitude qui règne actuellement sur les marchés financiers en matière de taux d’intérêt. Si la plupart des économistes s’attendent désormais à une baisse des taux directeurs, il est difficile de présager du moment où cette décision sera effectivement prise par la Banque centrale européenne. En attendant, les taux à court terme n’ont guère évolué, fluctuant aux alentours de 4,75 %. Les grandes banques observent, elles aussi, le statu quo en maintenant des conditions sur leurs comptes d’épargne à un niveau beaucoup plus bas que ce qu’il n’est permis d’espérer. Les épargnants peuvent obtenir une rémunération beaucoup plus correcte de leurs placements auprès de plus petites institutions.

Les taux à long terme n’ont pas beaucoup évolué non plus, malgré une pression à la hausse. Le taux de l’emprunt d’Etat belge à 10 ans s’affichait, fin février, aux environs de 5,15 %. La dernière émission de bons d’Etat (clôturée le 2 mars) offrait à 5 ans, extensibles à 7 ans, 4,55 %, soit 0,20 % de plus, pour la même durée, que les bons de caisse de la plupart des banques.

Le marché des devises.

L’économie américaine continue de souffler un vent froid sur le reste du monde. A l’heure où l’ampleur et la durée du ralentissement aux Etats-Unis continuent de dominer les attentions – et en dépit des déclarations peu rassurantes de Alan Greenspan qui ne croit pas que le 1,1% de croissance enregistré au quatrième trimestre marque la fin du cycle à la baisse de l’économie américaine -, le dollar continue de bien se porter, faute d’une candidature forte au poste de nouvelle locomotive de l’économie mondiale. Si l’Europe semble bien placée, notre géant économique reste politiquement divisé. Malgré un dollar affaibli, l’euro a perdu de sa valeur suite aux coûts importants qui se profilent à l’horizon en raison de la maladie de la vache folle et de la fièvre aphteuse. Des crises qui risquent aussi d’avoir une influence négative sur la confiance des consommateurs européens, véritables moteurs de la croissance.

La fin de mois a finalement permis à la monnaie européenne de retrouver une valeur proche de 0.92 contre le dollar, grâce surtout à la baisse des taux directeurs japonais et la fuite conséquente des investisseurs vers la monnaie européenne. La poursuite des scandales de corruption à répétition, l’instabilité politique, la chute de la production industrielle et la baisse des taux directeurs n’ont laissé que peu d’amis au yen. Si la monnaie nippone s’est bien comportée pendant les trois premières semaines de février, l’écrasement de la bourse de Tokyo -à son niveau le plus bas depuis quinze ans- et les baisses des taux de la Banque du Japon ont conduit à une fuite des investisseurs vers des marchés plus sûrs. La monnaie japonaise a perdu plus de 20% de sa valeur face à l’euro depuis novembre dernier. Sur un autre front, suite à une nouvelle crise politique, la fuite des capitaux a provoqué une nouvelle crise économique en Turquie. Le pays a vu réduits à néant, en quelques jours, les efforts du gouvernement Ecevit pour rétablir la confiance des investisseurs et contrôler l’inflation.

Inflation et atux d’intérêt.

Alors que les indicateurs économiques continuent à régresser, la hausse de l’inflation aux Etats-Unis réduit la marge de manoeuvre de la Réserve Fédérale sur le front des taux directeurs. La baisse des taux devrait néanmoins se poursuivre outre-Atlantique, où les premières voix s’inquiètent de la possibilité d’une stagflation (croissance stagnante accompagnée d’une inflation en hausse). Si on n’en est pas encore là, la révision à la baisse de la croissance américaine au quatrième trimestre nous éloigne du scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine.

Toujours attentive aux chiffres de l’inflation en Europe, la Banque Centrale Européenne a maintenu ses taux inchangés en février. Les autorités monétaires marquent ainsi leurs distances par rapport aux décisions prises outre-Atlantique et se montrent confiantes sur la capacité de la zone euro à faire face à la défaillance américaine. La baisse surprise de l’inflation dans la zone euro, annoncée fin février, élargit néanmoins la marge de manoeuvre de la BCE. Une baisse légère des taux devient ainsi prévisible dès le printemps, d’autant plus que la croissance en Allemagne donne des signes de ralentissement.

Les marchés boursiers.

Après le regain d’optimisme enregistré en janvier, février doit être oublié ! En tête des reculs New-York, Milan et Paris avec des reculs frôlant les 10 %. En l’absence de nouvelle intervention de la Fed, le Nasdaq a perdu 22 %, alors que, par rapport à il y a un an, la chute atteint 53 % !

Les marchés restent suspendus aux lèvres d’Alan Greenspan, président Réserve fédérale américaine, lequel, s’il n’écarte pas une prochaine baisse des taux afin de donner un coup de pouce à l’économie américaine, refuse de céder aux pressions des marchés financiers. En outre, les annonces quant aux résultats du dernier trimestre et, surtout, du trimestre en cours (les fameux « profit warnings ») se succèdent aux Etats-Unis (Intel, Cisco, Motorola, Texas Instruments), mais également en Europe (ABB, BT…). Ainsi, bien que le bilan économique reste pour l’instant largement positif en Europe, la crainte de la contagion des Etats-Unis et les difficultés croissantes des opérateurs télecoms pèsent lourdement dans la balance. L’échec de l’introduction en Bourse d’Orange a non seulement pesé sur son actionnaire de référence (France Télécom), mais également sur les autres opérateurs européens, en particulier ceux qui comptent également placer en Bourse une partie du capital de leur filiale mobilophonie : c’est le cas pour Deutsche Telekom (laquelle a perdu plus de 70 % par rapport à son sommet d’il y a un an) ou encore British Telecom. Ces opérations étaient, en effet, censées renflouer les caisses des opérateurs lourdement endettés suite à l’achat de licences UMTS au prix fort. Seule exception dans ce noir paysage boursier, la Bourse de Bruxelles : elle tire son épingle du jeu. Les valeurs défensives prédominantes dans la cote bruxelloise n’y sont bien entendu pas étrangères. Les résultats 2000 publiés à ce jour sont globalement bons et certaines nouvelles telles que l’échange de la participation de GBL dans RTL contre une participation dans le magnat de la presse allemand Bertelsmann à des conditions avantageuses permettent aux actions belges de mieux résister dans la tourmente. La Bourse de Bruxelles n’en reste pas moins toujours l’une des moins chères, n’ayant pu rattraper le retard accumulé depuis début 99.

Budget Hebdo

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