LA VRAIE CAMPAGNE DÉMARRE MI-MAI

L’enjeu du scrutin du 25 mai n’est plus à préciser. Les rapports de force qui émergeront ce jour-là pourraient, dès le lendemain, exercer un impact considérable sur notre quotidien. Or, si le  » véritable  » coup d’envoi de la campagne électorale a déjà été souvent annoncé, il n’a pas encore été question jusqu’ici d’un réel débat de fond. En Flandre, les taquineries puériles à propos de nains de jardin n’ont pas rehaussé le niveau des discussions politiques. Tandis que du côté francophone, c’est le dos nu du Premier ministre qui a suscité débats et polémiques… Alors que se profilent les élections les plus importantes depuis de nombreuses années.

Tout indique que cette longue période préélectorale aboutira à un sprint final bref et intense. Comme toujours, beaucoup d’électeurs attendent les dernières semaines, voire les derniers jours pour faire leur choix. C’est pourquoi de nombreux partis économisent leur énergie. En outre, on ne peut pas lancer deux fois une proposition ou un message. Une fois tombée dans l’arène électorale, l’idée aura vite perdu de son actualité et plus tard, lorsqu’elle prendra toute son importance, plus personne n’y fera attention. Il faudra attendre que les médias, surtout audiovisuels, consacrent à ces élections des émissions spéciales pour que les programmes prennent véritablement corps.

D’abord, les partis ont (re)précisé leur positionnement dans des slogans électoraux généraux. Ensuite, la formation des listes a été bouclée. Ici et là, un ouvrage écrit par un politicien cherche à attirer l’attention. En Flandre, on vit aujourd’hui  » la bataille du plan socio-économique « . Les partis s’y livrent aussi pour s’assurer une crédibilité. Le temps des affirmations en l’air ou des promesses creuses serait révolu. La politique comme  » evidence based policy  » (politique fondée sur les preuves).

Le CD&V a tiré le premier avec son plan en 3D, qui n’a pas initié un grand débat. Apparemment, les partis ne sont pas encore prêts à en découdre. On l’a vu aussi après le congrès de la N-VA fin janvier. Il est périlleux de réagir à une proposition adverse lorsque son propre plan n’est pas encore au point : il faut alors critiquer sans pouvoir faire de contre-proposition. La règle qui veut que réagir à la proposition d’un opposant semble lui donner de la pertinence et de l’importance gêne également. Les partis ne disposent pas non plus des calculs et des chiffres de leurs adversaires. L’absence de réaction s’explique aussi pour une raison intellectuelle : les partis ne veulent pas réagir, mais ils ne le peuvent pas non plus. Ils peuvent certes critiquer quelques détails, chercher le maillon faible, mais une telle approche paraît un peu légère face à des partis qui produisent un plan global.

De même lorsque le débat s’installe – du moins si les parties finissent par réagir au contenu des plans des autres – l’intérêt en sera toujours relativement faible pour l’électeur. En théorie, ces plans sont pertinents pour la vie de tous les jours, mais en pratique, nombre d’électeurs ne se sentent pas concernés. Car ce n’est pas le genre de programme et de débat susceptibles de les passionner. Un tel plan général comprend déjà des choix sociétaux clairs, mais l’expression concrète de tous ces chiffres tarde à apparaître. Jusqu’à ce que la campagne adopte sa vitesse de croisière. Peut-être ne l’atteindra-t-elle qu’à la mi-mai. Ce n’est qu’alors que la campagne deviendra réellement passionnante.

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Retrouvez la chronique de Thierry Fiorilli le lundi à 7 h 20 sur Bel-RTL Matin.

par Carl Devos Politologue à l’Université de Gand.

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