Chez les seniors, les pneumocoques causent surtout de graves pneumonies ; et si les bactéries se retrouvent dans le sang, elles tuent 12% des patients à 65 ans et deux fois plus à 85 ans. © GETTY

La vaccination antipneumococcique reste trop peu utilisée

Les pneumocoques peuvent être à l’origine d’infections sévères, en particulier chez les jeunes enfants et les personnes âgées. Ces bactéries sont notamment la première cause de pneumonies. Raison de plus pour accorder plus d’attention à la vaccination antipneumococcique des groupes à risque. – BODYTALK ET MSD (MERCKetCO AUX ÉTATS-UNIS

Mi-2020, en pleine crise du coronavirus, le Conseil Supérieur de la Santé appelait les médecins à accroître le taux de vaccination contre les pneumocoques chez les plus de 65 ans. À peine 10% de ce groupe d’âge sont en effet immunisés, alors que les pneumocoques peuvent faire de gros dégâts. « Le vaccin est trop peu proposé, et bien à tort, confirme le Pr Steven Callens, infectiologue à l’UZ Gent. Les infections invasives à pneumocoques sont certes moins fréquentes que la grippe, mais leurs conséquences sont beaucoup plus graves. »

Il est possible d’être porteur de pneumocoques sans avoir de symptômes. Mais ces bactéries peuvent aussi causer des infections sévères, en particulier dans les groupes à risque. Elles sont notamment la première cause de pneumonies chez les personnes âgées. Si elles se retrouvent dans la circulation sanguine ou le système nerveux, elles peuvent aussi entraîner une septicémie (empoisonnement du sang) ou une méningite. Là encore, ce sont surtout les personnes âgées à l’immunité défaillante qui courent un risque accru. « On l’oublie encore trop souvent, en particulier chez les patients porteurs du VIH, qui ont vraiment besoin de ce vaccin », souligne le Pr Callens.

Le Pr Yves Van Laethem, infectiologue au CHU Saint-Pierre, est lui aussi un ardent partisan de la vaccination antipneumococcique: « Elle est trop peu utilisée, les médecins oublient de la proposer. Ce serait un grand progrès si leurs logiciels de gestion des dossiers pouvait leur rappeler de vacciner leurs patients contre le pneumocoque, pour au moins aborder la question avec eux. » Le Pr Van Laethem souligne que la crise de la covid-19 contribue à braquer les projecteurs sur l’importance des mesures de prévention. « Le gouvernement pourrait en tirer les leçons. Il faut accorder une attention plus grande aux vaccins, et en particulier à l’immunisation des adultes. »

À côté du Conseil Supérieur de la Santé belge, l’Organisation mondiale de la Santé aussi a récemment (en octobre 2020) revu ses recommandations sur la vaccination antipneumococcique chez l’adulte. Elle préconise désormais, dans les pays où existe déjà un programme de vaccination pédiatrique efficace, de mettre en place un équivalent pour les adultes.

Pour qui?

La vaccination antipneumococcique est reprise dans le schéma vaccinal de base des nourrissons et des jeunes enfants et remboursée dans cette indication. Elle est bien suivie chez les tout-petits: il est vrai que chez les enfants de moins de cinq ans, les infections à pneumocoques peuvent provoquer une méningite ou une septicémie. Chez les seniors, elles causent surtout de graves pneumonies ; et si les bactéries se retrouvent dans le sang, elles tuent 12% des patients à 65 ans et deux fois plus à 85 ans.

La vaccination contre le pneumocoque est donc recommandée aux personnes âgées de 65 à 85 ans, ainsi qu’à tous les adultes à risque accru d’infections en raison d’une immunité réduite: les malades chroniques, les personnes vivant avec le VIH, celles qui ont subi une ablation de la rate et les gros fumeurs et consommateurs d’alcool, notamment. Il a été suffisamment prouvé qu’elle peut prévenir les pneumonies et abaisser de moitié le risque d’autres d’infections sévères à pneumocoques. Chez les plus de 85 ans, il n’existe cependant pas de preuves suffisantes de l’efficacité du vaccin antipneumococcique.

La vaccination doit être répétée tous les cinq ans chez les adultes avec un risque accru d’infections en raison d’une immunité réduite ou d’une maladie chronique. Les effets secondaires se bornent généralement à une douleur au site d’injection ; ils sont rarement sérieux.

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