La saison 2014-2015 en avant-première

Bohemian Rhapsody, The Art of Conflict et The Musicall Humors of Rubens… Entre les trois thématiques qui parcourent la saison 2014-2015 du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, chacun reconnaîtra la sienne.

D’origine allemande, Ulrich Hauschild peut s’enorgueillir d’un brillant parcours. Musicien dans l’âme, il a collaboré à des festivals de musique classique, a assisté le metteur en scène Bob Wilson, a secondé Gérard Mortier au Festival de Salzbourg, s’est impliqué dans l’ouverture du Konzerthaus à Dortmund et a signé, en 2011, le programme du festival dédié à Franz Liszt à Weimar… Nommé, il y a un an, à la direction de Bozar Music, il s’est fixé pour ambition d’ouvrir le répertoire classique à l’avant-garde et dévoile les axes de sa première programmation.

Le Vif/L’Express : L’esprit bohémien souffle sur la nouvelle saison. Pourquoi ?

Ulrich Hauschild : Le thème Bohemian Rhapsody est une invitation à la fantaisie et à l’ouverture, à cette  » vie de bohème  » empreinte d’insouciance, de liberté et d’anticonformisme, qui continue à inspirer les créateurs. Tournée à la fois vers l’Orient et l’Occident, elle questionne notre identité culturelle de citoyens européens. Avec Dvorak, Janacek, Bartók, Smetana ou Schumann, les oreilles des mélomanes seront à la fête.

Le deuxième thème, lui, s’inscrit dans les commémorations de la guerre 14-18.

Oui, mais le thème The Art of Conflict est plus vaste, nous souhaitons élargir la perspective. Nous nous intéressons aussi aux liens complexes qui unissent la musique et la guerre, le geste créateur et la destruction. Cette dialectique entre la beauté et la barbarie caractérise la musique depuis la nuit des temps et sera à découvrir tout au long de la saison.

Quant au troisième thème, il accompagnera l’exposition Rubens and his Legacy.

Ce sera l’exposition phare de l’automne. Nous proposerons un programme sur mesure, comme nous l’avons fait pour les expositions Watteau et Zurbarán, en nous intéressant à la vie musicale de cette glorieuse époque et en faisant l’inventaire des Musicall Humors de ce peintre immense, diplomate et grand voyageur.

La grande nouveauté, ce sont les Portraits. De quoi s’agit-il ?

J’ai décidé d’inviter six musiciens de renommée internationale qui sont, pour moi, absolument uniques. Ces Portraits reflètent mes goûts. C’est mon choix. La soprano allemande Christine Schäfer a une voix exceptionnelle, immédiatement reconnaissable, qui me va droit au coeur. Gidon Kremer, incroyable violoniste, me touche par sa générosité et par son désir de partage avec les jeunes. Jean Tubéry, cornettiste génial, passionné de tous les arts, réussit à combiner tous ses talents et à les amplifier dans une synergie extraordinaire. Vox Luminis se profile comme l’un des meilleurs ensembles de musique vocale en Belgique. Je veux lui donner cette étincelle qui fera exploser leur carrière sur le plan international. Le pianiste germano-roumain Herbert Schuch est très intuitif. Quand il joue du Bach, du Liszt, du Messiaen ou du Ravel, il abolit le temps et, par la même occasion, il nous fait oublier le temps. Enfin, René Jacobs ! Il n’y a pas beaucoup de chefs d’orchestre comme lui. Il a l’art de nous présenter la musique que nous connaissons par coeur, La Flûte enchantée, par exemple, d’une manière totalement inédite.

Deux mots sur des spectacles d’avant-garde…

Re-Rite est un projet entre concert et installation. Les spectateurs se déplaceront entre des écrans de vidéo montrant un orchestre interpréter Le Sacre du Printemps de Stravinsky et pourront virtuellement prendre la place de n’importe quelle famille d’instruments. Le second projet, c’est le Ring de Richard Wagner, un opéra miniature où les marionnettes tiennent la vedette. Il s’agit d’une version  » compactée  » d’une durée de deux heures, au lieu de… seize heures !

Entretien : Barbara Witkowska

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