La prison de Haren, terrain miné ?

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

L’enquête du Vif/L’Express sur la méga-prison de Haren a suscité des remous à la Régie des bâtiments. Où l’on reconnaît toutefois que l’accès au site reste l’un des gros points noirs du projet.

Dans son numéro du 6 septembre, Le Vif/ L’Express a consacré un dossier au  » village pénitentiaire  » de Bruxelles-Haren. Il y était notamment question des enjeux financiers faramineux du projet. L’article a suscité quelques remous au sein de la Régie des bâtiments, maître d’oeuvre du chantier. Au point de pousser Laurent Vrijdaghs, administrateur général de l’organisme public, à contacter la rédaction. Le top manager MR reconnaît que la construction et l’entretien de la méga-prison par un consortium privé représente un coût  » assez conséquent  » pour l’Etat et il admet que  » la question de la mobilité, très complexe, reste un point noir du dossier « . Mais il conteste l’idée selon laquelle le projet est  » entouré d’opacité « .

 » S’il y a un projet à propos duquel nous avons voulu, dès le début, informer toutes les parties concernées, c’est bien celui-là, assure le patron de la Régie. Un jury l’a analysé et un comité d’accompagnement a pu suivre notre travail. Les Régions, la Ville, les riverains ont été tenus au courant.  » Les habitants de Haren estiment pourtant qu’on ne leur a pas tout dit sur l’ampleur de la prison, qui recouvre un vaste terrain vague, poumon vert de l’entité. Par ailleurs, l’avenir des sites des prisons vétustes de Saint-Gilles, Forest et Berkendael, qui doivent en principe fermer, reste d’ordre confidentiel.  » Les limites du terrain sur lequel s’élèvera le complexe carcéral ont été précisées depuis le départ, réplique Vrijdaghs. Nous n’avons rien caché. Les seules incertitudes, aujourd’hui, touchent aux compensations susceptibles d’être accordées par la Ville aux riverains et aux décisions régionales concernant l’accès au centre pénitentiaire, situé en Région bruxelloise et, pour une petite part, sur Machelen, en Flandre.  »

Le patron de la Régie des bâtiments dévoile les coulisses des négociations engagées avec des partenaires privés pour la construction de l’établissement de 1 200 places.  » La plupart des consortiums qui nous ont remis des offres n’avaient pas bien lu le ca-hier des charges, estime-t-il. Leurs plans prévoyaient de gros volumes, avec beaucoup d’étages, comme dans les prisons classiques. Seuls deux candidats, dont Cafasso, le consortium finalement choisi, ont répondu à notre attente, en concevant un complexe pavillonnaire.  » Cafasso, groupe espagnol associé à l’entrepreneur belge Denys,  » avait le projet le moins onéreux, révèle Vrijdaghs, même si des candidats non retenus prétendent que leur prison est moins chère à entretenir.  » A signaler que le budget annoncé de 331 millions d’euros ne couvre que la construction des bâtiments, montant auquel il faut ajouter l’entretien et de le catering, également pris en charge par le consortium.

A partir du moment où la prison de Haren sera opérationnelle, l’Etat paiera, pendant vingt-cinq ans, une indemnité au consortium. Le montant exact de ce  » loyer  » sera précisé lors de la signature du contrat, prévue pour fin octobre ou début-novembre.  » Elle atteindra entre 30 et 50 millions d’euros par mois « , glisse Vrijdaghs. Une somme rondelette, à laquelle s’ajouteront les frais de personnel. Objectif du partenariat public-privé : étaler la dépense publique. Au risque, à terme, de l’alourdir considérablement ?  » Nous n’avons pas le recul nécessaire pour pouvoir valider la formule, admet le patron de la Régie. Mais nos voisins néerlandais, eux, ont cette expérience et n’ont pas hésité à réitérer de tels partenariats.  »

Olivier Rogeau

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