La note désastreuse de Di Rupo

Johan Van Overtveldt
Johan Van Overtveldt Johan Van Overtveldt is hoofdredacteur van Trends.

LES PROTAGONISTES DE LA POLITIQUE nationale sont en train de jouir de leurs vacances. Nous préférons ne pas juger si celles-ci sont méritées ou non. Mais il est certain que les négociateurs des huit partis péniblement rassemblés par le formateur Elio Di Rupo devront bientôt entamer le vrai travail sous sa houlette. Il ne fait pas de doute que le volet communautaire constituera un morceau de choix extrêmement difficile à avaler par tous les participants réunis autour de la table. Et les dossiers économiques et budgétaires ne seront sûrement pas en reste. Mais entrons tout de suite dans le vif du sujet. Pour le bien de notre pays et son économie, il serait particulièrement néfaste que la note Di Rupo, même retouchée ci et là, passe la rampe pour constituer le texte de l’accord de gouvernement.

Il est frappant que, dans la note Di Rupo, il est à peine tenu compte des recommandations que l’OCDE, le FMI et la Commission européenne ont formulées ces derniers mois à propos de la politique socio-économique et budgétaire de la Belgique. Chacune de leur côté, ces trois respectables institutions ont pourtant abouti à la même conclusion, à savoir que des réformes fondamentales ne peuvent plus se faire attendre. Mais celles-ci ne sont presque pas abordées ou, pis, font cruellement défaut dans la note que Di Rupo présente comme le fil conducteur des prochaines négociations.

Ainsi les institutions susnommées estiment que l’objectif de l’équilibre budgétaire belge pour 2015 est trop laxiste et que la dynamique en devrait être accélérée, surtout parce que la croissance économique se maintient à un bon niveau. Le trio propose en outre de procéder à l’assainissement budgétaire en sabrant d’abord dans les dépenses. Il se montre très critique à l’égard de la levée de nouveaux impôts et juge que, tout au plus, certaines déductions fiscales mériteraient d’être remises en question. Or la note Di Rupo prévoit qu’un tiers seulement des efforts d’assainissement porteront sur des mesures d’économies. En revanche, elle est pleine à craquer d’augmentations d’impôts qui ne manqueront pas de chasser de nos contrées investisseurs et chefs d’entreprise. Le trio préconise aussi la suppression de l’indexation automatique des salaires, l’augmentation de l’âge de la retraite, une flexibilisation de l’emploi très poussée en vue d’un meilleur accès des chômeurs au marché du travail, et un contrôle plus strict de la concurrence dans les secteurs de la distribution et de l’énergie. Sur tous ces points, la note Di Rupo oppose le silence le plus complet.

Il va de soi que les propositions de l’OCDE, du FMI et de la Commission européenne réclameraient des inter- ventions musclées dans le régime socio-économique belge. Or il existe de très bonnes raisons de donner suite, dans une large mesure, aux attentes du trio. Nous oublions trop vite que le coût du vieillissement est suspendu sur nos finances publiques comme une épée de Damoclès. A cet égard, une stimulation structurelle de notre croissance économique s’impose plus que jamais. Qui plus est, dans la zone euro, nous nous trouvons dans une situation fort délicate. Il s’en faudrait de peu que la Belgique ne perde la confiance des marchés financiers et des capitaux. L’épouvantail de scénarios à la grecque n’est certes pas à l’ordre du jour. Mais d’autres manifestations de ceux-ci, fussent-elles atténuées, n’en seraient pas moins lourdes de conséquences désagréables. L’application de la note Di Rupo augmenterait sensiblement le risque de contamination de la Belgique dans le cadre de la crise qui frappe la zone euro.

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Les préoccupations de l’OCDE, du FMI et de la Commission européenne font défaut dans la note de Di Rupo

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