LA sensibilité au message émotionnel d'un chant est particulièrement élevée pour les berceuses et les danses. © istock

La musique, un langage universel

Tous les peuples du monde font de la musique, à leur manière. Même si l’on n’en a jamais entendu de semblable, même si elle provient d’une culture totalement inconnue, la musique s’avère un langage universel.

Des rythmes de tambours africains au jodles autrichiens, du hard rock à la techno en passant par le sitar indien, la musique prend indubitablement des formes très diverses. Chaque culture et chaque période de l’histoire a inventé ses propres mélodies et développé ses propres instruments pour agrémenter la vie. Nous avons rarement l’occasion d’entendre de la musique d’autres cultures, qui sonne parfois étrangement à nos oreilles. Mais aussi étrange soit-elle, notre évolution commune en tant qu’êtres humains nous a rendus sensibles à des structures musicales qui semblent transcender toutes les cultures.

La menace des basses profondes

Les sons qui nous parviennent de contrées lointaines peuvent être qualifiés de cacophoniques, parfois avec condescendance ; quiconque les écoute distraitement peut avoir l’impression que cette musique issue de l’autre bout du monde n’a rien à voir avec celle que nous apprécions ici. Que ces étrangers ne peuvent comprendre notre musique et vice versa. Pour celui qui écoute plus attentivement en revanche, c’est un nouveau monde qui s’ouvre : de nombreux sons ne sont en effet ni aléatoires, ni chaotiques. Ils ont souvent une signification bien précise qui découle notamment de l’environnement dans lequel on a grandi. Comme le rugissement d’un lion dans la nuit, un hurlement qui glace les sangs ou l’aboiement inopiné d’un chien à côté de nous. On sursaute, le coeur s’arrête de battre un instant, signes d’une réaction primitive profonde à ces sons qui éveillent immédiatement des sentiments de peur et de danger.

Le plaisir d’un groupe qui éclate de rire se distingue en un éclair de la violence braillarde de quelques querelleurs.

Ces réactions primitives influencent aussi nos rapports avec autrui, généralement sans que l’on en soit conscient. Prenons par exemple des personnes à la voix basse, profonde. Elles apparaissent comme dominantes, et cela ne diffère en rien des sons bas, profonds avec lesquels les grands animaux affirment leur position dominante dans la hiérarchie et effraient les plus petits. C’est un phénomène courant dans le monde animal qui se répercute aussi chez l’homme. De telles couleurs sonores se manifestent aussi dans la musique.

La musique, un langage universel
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La musique nous permet d’exprimer des émotions, raisons pour laquelle il est intéressant de faire un détour par les expressions du visage. Celui-ci trahit généralement nos émotions, surtout lorsqu’elles sont intenses. Il suffit d’observer une personne pour se rendre compte qu’elle a peur, qu’elle est contente, excitée, en rage, triomphante, etc. Cette reconnaissance des émotions est innée : nous enregistrons spontanément l’expression subtile de ces émotions sur les traits du visage depuis des millions d’années d’évolution. Souvent, nous n’avons même pas besoin d’être très attentif pour reconnaître les émotions d’une personne : le plaisir d’un groupe qui éclate de rire se distingue en un éclair de la violence braillarde de quelques querelleurs. Pour l’entourage, l’intonation avec laquelle un parent s’adresse à son enfant traduit bien le message sous-jacent. Et bien, c’est la même chose avec la musique totalement inconnue : nous en reconnaissons de la même manière la portée.

Pour bercer ou danser

Une équipe de l’université de Harvard aux USA a fait écouter à 750 internautes de 60 pays des courts extraits de chants issus de 86 cultures traditionnelles méconnues, dont des peuples de chasseurs-cueilleurs, de bergers et d’éleveurs. Les participants devaient ensuite déterminer la finalité des chansons, parmi 6 possibilités : danser, apaiser un bébé, guérir une maladie, déclarer son amour, pleurer un mort ou raconter une histoire. Aucun chant n’était utilisé pour ces deux dernières catégories, ce que les participants ne savaient pas. Elles n’ont été ajoutées que pour accroître les possibilités de choix.

Tout cela a généré plus de 26 000 écoutes et quelque 150 000 évaluations. Il s’est avéré que nous percevons souvent sans problème le message émotionnel d’un chant, même si cette sensibilité n’est pas aussi nette pour toutes les chansons. Elle était particulièrement élevée pour les berceuses et les danses, ce qui signifie que nous avons bien conservé leurs caractéristiques musicales typiques au fil des milliers d’années d’évolutions culturelles diverses. Les chants de danse, par exemple, sont chantés à voix haute, se caractérisent par des rythmes bien marqués et font usage de lignes mélodiques complexes. Ils sont joyeux et donnent envie de bouger. Les berceuses sont généralement plus lentes et calmes, leurs rythmes et mélodies restent plus simples et reposent sur un harmonique plus triste. Pas besoin donc de comprendre une langue ou une culture pour bien appréhender le message d’un chant. La musique est bel et bien plus universelle que ce que nous pensons.

Plus d’info : VOIR www.bodytalk.be.

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