LA FIN DU MONDE, C’EST (D’ABORD) DU CINéMA
Signe de nos temps incertains ? Toujours est-il que les prochaines semaines verront les sorties de pas moins de trois films inscrivant leur propos dans un climat de fin du monde : The Road, adaptation de Cormac McCarthy s’attachant aux conséquences d’une explosion nucléaire, Les Derniers jours du monde, odyssée amoureuse sur fond de désastre imminent signée par les frères Larrieu, ou encore 2012, de Roland Emmerich, blockbuster s’apprêtant à écraser tout sur son passage, au propre comme au figuré.
2012, nous assure-t-on, correspondrait à quantité de funestes augures annoncés dans divers écrits à caractère prophétique, de l’Ancien Testament aux prédictions de Nostradamus. Tandis que le calendrier maya, d’une précision rare, prendrait mystérieusement fin au solstice d’hiver de cette même année. Les interprétations les plus répandues évoquent une inversion du champ magnétique de la Terre, quand elles ne présagent pas la fin, pure et simple, des Temps. Il n’en fallait pas plus à ce brave Emmerich ( Independence Day, Godzilla, The Day After Tomorrow) pour trouver là matière à étoffer une filmographie déjà riche en films catastrophes maçonnés avec la grâce d’un Panzer. Son 2012 (sortie sur nos écrans le 11 novembre prochain) propose ainsi rien moins que la vision de l’Apocalypse, à grand renfort de tsunamis, de tremblements de terre, d’éruptions volcaniques et autres ahurissants cataclysmes.
Voilà qui a assurément de quoi faire frémir sur son siège. Sauf qu’à l’instar du vieux singe, ce n’est pas au cinéphile qu’on apprendra ici à faire la grimace. Tant il est vrai qu’au fil du temps le septième art s’est imposé comme le réceptacle privilégié des sirènes de fin du monde. Ainsi, dès 1916, un film danois au titre éloquent, The End of the World ( Verdens Undergang pour la version originale), tirant profit du climat de peur lié à la guerre et s’inspirant du passage spectaculaire, six ans plus tôt, de la comète de Halley, dépeignait les catastrophes d’ordre planétaire causées par une comète. Un genre était né qui, de La Fin du monde, d’Abel Gance (1931), à Meteor, de Ronald Neame (1979), avec Sean Connery et Natalie Wood, en passant par When Worlds Collide, de Rudolph Maté (1951), ou Day the World Ended, de Roger Corman (1955), n’allait qu’essaimer, culminant ces dix dernières années dans nombre de productions américaines, particulièrement friandes de scénarios catastrophes ( Armageddon, Deep Impact, Knowing…). A croire, belle ironie, que le pire a de l’avenir…
NICOLAS CLÉMENT
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