En dix ans, la pratique de la marche a augmenté de 33 %. © HATIM KAGHAT

À Bruxelles, la démarche qui favorise la marche

Le Vif

Deux tiers des déplacements effectués intra-muros sont inférieurs à 5 km. Et plus du tiers de tous les trajets sont réalisés à pied. Depuis peu, les marcheurs bruxellois sont davantage pris en considération par les autorités.

Nietzsche disait que les grandes pensées ne nous viennent qu’en marchant. Qu’en déduire à Bruxelles quand on sait que sur 100 minutes de déplacement, 41 se font en marchant et qu’en dix ans, la pratique de la marche a augmenté de 33 % ? Les piétons restent pourtant les usagers les plus vulnérables des voiries de la capitale : ils représentent 40 % des tués ou blessés graves à la suite d’un accident de la circulation.

Jusqu’ici parents pauvres de la mobilité, confrontés à la densité du trafic, à la priorité sacrée à la voiture et à des infrastructures inadaptées, les marcheurs sont – heureusement – depuis peu remis à l’honneur. Les espaces qui leur sont réservés ne cessent de s’étendre, grignotant au passage celui réservé jusqu’ici à la voiture – quoique 58,5 % des voiries bruxelloises lui sont encore dédiées – et supprimant 60 000 emplacements de parking. En 2012, le Pave (Plan d’accessibilité de la voirie et de l’espace public), a lancé une opération qui couvrira 3 600 km d’aménagements censés assurer le confort des piétons.

Les piétonniers poussent comme des champignons et modifient la mentalité des habitants qui ne s’y rendent plus seulement pour flâner, mais y voient un incitant supplémentaire pour poursuivre leur marche : le piétonnier du centre-ville, celui de Flagey, de Jette, de Molenbeek, de Watermael-Boitsfort ou de Woluwe-Saint-Pierre illustrent la volonté des décideurs de privilégier la mobilité douce. Les zones 30 sont un autre levier mis en place pour sécuriser ceux qui préfèrent la marche à la voiture.

En route vers les  » Magistrales piétonnes  »

Et que dire des  » Magistrales piétonnes  » pour lesquelles les premiers permis de bâtir ont été déposés et qui s’apprêtent à sortir de terre. S’inspirant de l’exemple strasbourgeois, ces itinéraires visent à offrir  » à l’usager piéton de l’espace public une réponse adaptée à l’enjeu de santé publique que constitue le recours à la marche à pied : des espaces publics confortables et généreux « . Le plan régional de mobilité Good Move prévoit ainsi d’aménager sept itinéraires piétons partant de la Bourse.

Ils offriront un cheminement large (de 5 m idéalement), de plain-pied, couvert d’un revêtement de haute qualité. Parce que la qualité des espaces piétons renforce la perception sociale de l’espace public, le parcours sera ponctué de bancs, de terrasses, d’arbres et de plantations et égayé par des animations. Il est loin le temps du premier plan régional de Mobilité – dit Iris 1 – où le piéton n’était même pas évoqué, où seuls étaient pris en compte les modes de déplacement mécanisés.

Privilégier les parcours à pied, c’est cumuler le récréatif et le fonctionnel en retissant le tissu social des quartiers.  » J’ai tout à y gagner, s’enthousiasme Noël Magis, 35 ans, managing director chez screen.brussels fund, piéton inconditionnel pour ses trajets quotidiens vers le bureau. J’économise du temps et de l’argent, c’est bon pour mon mental, mon physique… et la planète ! « 

Par Cilou De Bruyn.

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