La  » dame blanche  » parle

Katherine Icardi-Lazareff a partagé la vie du président disparu pendant près de quatre ans. En exclusivité, elle raconte.

Ma femme blanche.  » Ainsi Omar Bongo la désignait-il devant ses confidents. Petite-fille de Pierre Lazareff, légendaire fondateur de France-Soir, Katherine a partagé en pointillé, de 1978 à 1981, la vie du président gabonais, disparu le 8 juin. Installée à Biarritz, Katherine Icardi-Lazareff n’a pas reconnu dans les  » nécros  » parues l’homme qu’elle aima.  » Il n’avait rien du dictateur que l’on dépeint. Je garde l’image d’un être à l’écoute, plein d’humour, généreux et vif. Un chef de tribu africain, paternaliste, autoritaire, colérique parfois.  » Pourquoi dire ce qui était tu ? Sans doute pour se délester du fardeau d’une  » histoire d’amour clean « , qui commence comme un conte de fées postmoderne et se termine dans l’amertume.

L’histoire d’une  » gamine  » de 23 ans, couturière chez Ted Lapidus, bientôt investie d’une mission à haut risque : veiller sur la garde-robe de Bongo, fana de sape de luxe et  » coureur  » impénitent. L’usage veut alors que les tailleurs en vue fassent livrer leurs trois-pièces par des costumières peu farouches.  » Mais, voilà, nuance Katherine : notre relation a pris une autre tournure.  » Qui savait ?  » La garde rapprochée et, à l’évidence, les services français.  » Sans doute les enfants du président – Pascaline, Albertine ou Ali, longtemps prénommé Alain – que la  » conseillère vestimentaire  » habille aussi, devinent-ils la liaison. Comme Joséphine, la première dame officielle.

La cour de Sa Majesté Omar s’apparente à un Versailles tropical au temps du Roi-Soleil. Katherine, dont les séjours au Gabon n’excèdent pas une semaine, réside à l’hôtel, puis dans une villa de la présidence. Profil bas, certes ; planquée, non. Bongo l’envoie à tel congrès du parti unique, tout à sa dévotion ; et elle apparaît dans son sillage lors d’une réception à l’ambassade à Paris ou d’un dîner de notables francs-maçons. Bientôt, pourtant, l’aventure vire à l’aigre.  » Je gênais, avance Katherine. Notamment ceux qui, gabonais ou français, lorgnaient leur part de la manne.  » Vient le temps des mises en garde  » amicales « , puis des menaces voilées.  » J’ai eu peur d’un mauvais coup. Et j’ai décidé de m’éloigner. Au fond, on a essayé de l’atteindre à travers moi.  » Katherine n’a jamais revu l’homme de Libreville. Sauf une fois, par hasard, dans le hall d’un palace parisien. Depuisà il y a eu un mariage, trois enfants, l’épopée des chèques-cadeaux, dont l’ancienne habilleuse fut l’une des pionnières, un divorce, des procès. Avec, à la clé, ces audiences au cours desquelles on lui jetait au visage son passé de  » maîtresse de Bongo « .  » Cette histoire, soupire-t-elle, a pesé si lourd sur ma vieà  » Si lourd que la petite-fille de Lazareff l’a couchée sur le papier. Dans la première mouture du récit, qu’elle publiera à l’automne, l’amant d’hier n’était pas nommé. Il le sera.

Vincent Hugeux

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