Dans la serre de production de l'ULiège, les plants se multiplient au service de la recherche. © LABORATOIRE DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE/ULIÈGE

La culture hors sol de plantes  » antivirales « 

Le projet liégeois Plant’HP, soutenu par le Fonds européen de développement régional (Feder) 2014-2020, vient de se voir équipé d’une serre de recherche où tester la culture hors sol de plantes médicinales. Objectif : en évaluer le potentiel pour la production de molécules à haute valeur ajoutée. Un trio de végétaux aux propriétés antivirales potentiellement intéressantes pour lutter contre le Sars-CoV-2, responsable de la Covid-19, est actuellement à l’étude.  » Notre rôle est de déterminer, pour les variétés sélectionnées, les conditions de culture et environnementales dans lesquelles elles sont les plus productrices de molécules d’intérêt « , explique la professeure Claire Périlleux, directrice du laboratoire de physiologie végétale de l’ULiège. Pour ce faire, les plants croissent dans un phytotron, une enceinte complètement close dont tous les paramètres sont contrôlés : durée et qualité de l’exposition lumineuse, température, humidité de l’air, enrichissement en CO2, contrôle de la nutrition minérale, administration de traitements hormonaux, etc.

Après avoir travaillé longuement sur l’ Euphorbia peplus, une espèce produisant un latex renfermant du mébutate d’ingénol, substance prometteuse en matière de traitement contre le cancer de la peau, l’équipe liégeoise se réoriente, en réponse à la crise sanitaire actuelle.  » Nous avons décidé d’étudier un trio de plantes dont la littérature démontre une activité antivirale : Artemisia annua, Pelargonium sidoides et Echinacea purpurea. Nous avons commencé, dans la serre de production, à multiplier les plants sur lesquels nous allons faire des analyses qualitatives, d’extraction, etc. « , poursuit Claire Périlleux.

Si l’artémisia est connue pour ses vertus anti- paludiques, ses extraits se profilent comme l’un des traitements potentiels de la Covid-19. Le 20 avril dernier, Andry Rajoelina, le président malgache, n’hésitait pas à clamer l’efficacité du Covid-Organics, une tisane à base de ce végétal, mise au point par l’institut de recherches appliquées de Madagascar. Mais c’était sans doute aller un peu vite en besogne. Ainsi, l’Académie française de médecine a publiquement déconseillé l’usage de la décoction  » tant que des protocoles thérapeutiques rigoureusement codifiés et scientifiquement étayés n’auront pas fait la preuve de leur efficacité et de leur innocuité dans cette indication « .

Pour parvenir à obtenir ces assurances, il faut des plantes produisant les molécules d’intérêt dans une quantité et avec une qualité constantes. C’est là qu’intervient la culture hors sol.  » Lorsque l’on cultive en extérieur, dans les champs, comme c’est le cas à Madagascar avec l’artémisia, il est impossible de savoir si la production sera bonne quantitativement ou si, à cause d’aléas climatiques ou autres, elle sera désastreuse. A cela s’ajoute le fait que vous ne pouvez pas garantir que le matériel, qualitativement parlant, est bien celui que l’on attend. En effet, les plantes fabriquent les molécules d’intérêt pharmaceutique pour se défendre elles-mêmes contre certains stress. Selon les conditions extérieures, leur composition peut être très différente « , détaille la professeure de l’ULiège. D’où l’intérêt de les cultiver en conditions contrôlées.

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