© ERIC VERBIEST

La chasse à LA POUDREUSE

 » Tu as vu la météo ? « , me demande dans un mail pressant mon photographe et compagnon de ski. Nous sommes mercredi et les cartes météo sont au rouge sombre sur les Alpes, ce qui signifie énormément de neige.  » Si je ne préfère pas partir ce soir plutôt que demain ?  » Pas de discussion. Mon matériel de ski est prêt depuis le début de l’hiver. Une heure plus tard, nous sommes en route. Visite éclair en trois chapitres : petites escapades au Tyrol.

Si vous êtes de ceux qui rêvent de vivre une vie normale, ne poursuivez pas votre lecture. En hiver, l’accro à la neige fraîche doit se montrer toujours prêt à partir et combiner cette passion avec les exigences d’un emploi, d’une relation ou d’une vie sociale reste un défi. Le mot magique est souplesse : étudier les cartes météo, consulter les sites Web, négocier quelques jours de vacances (auprès de votre employeur et de votre partenaire) et foncer dès que tombe la neige. Où aller, où loger, pour combien de temps ? Autant de questions que l’on reporte à plus tard. C’est en chemin que l’on décide de la direction à prendre. Il faut de nombreux coups de fil et mails pour régler quoi que ce soit. Profiter d’une journée entière dans la neige pour constater ensuite que l’on n’a nulle part où loger. La banquette arrière de la voiture devient alors une alternative aussi inconfortable que glaciale. Au milieu de la nuit, en pleine tempête de neige, il faut poser les chaînes sur la voiture pour poursuivre sa route. Et retrouver cette même voiture quelques jours plus tard recouverte d’une épaisse couche qu’il faut gratter. Puis, après un voyage trop long, rentrer chez soi la tête pleine de souvenirs. Et se remettre au boulot comme si rien d’extraordinaire ne s’était passé. Trois récits de séjours au Tyrol, trois destinations différentes et une constante : une neige en abondance.

UN BIJOU DU SKI : ALPBACHTAL WILDSCHÖNAU

Cette fois, nous sommes à peine arrivés sur l’autoroute que voilà déjà la neige. Et ce jusqu’à Alpbachtal. Notre appli météo ne nous le cache pas : de la neige, encore de la neige, des tempêtes de neige, du soleil et de nouveau de la neige. Ce n’est pas un hasard. Nous avons consulté hier les cartes météo et les prévisions et avons opté pour Alpbachtal. Nous ne sommes pas au coeur de la tempête, où l’on prévoit plus de 2 m de neige, mais pas loin. Heureusement : mieux vaut quelques cm de moins que d’avoir à rester dans sa chambre d’hôtel parce que la station est fermée. Le bijou du ski Alpbachtal Wildschönau est d’ailleurs une région toujours enneigée et appartient aux dix plus grands domaines skiables du Tyrol.

Hannes Margreiter sera notre guide pour les prochains jours. Tout sourire, il nous attend au Pöglbahn. Nous sommes absolument seuls à skier en hors-piste à Hornboden. La neige est tendre et il faut souffler à chaque virage pour évacuer la poudreuse qui vous entre dans la bouche.

Le Wiedersberger Horn est notre prochain objectif et tout reste pareil : aucune trace marquée, pas âme qui vive mais une épaisse couche de neige magnifique et fraîche.

Au restaurant Böglalm, nous nous installons au  » stammtisch « , le coin des habitués : pratique d’être accompagnés d’une personne du coin. Nous partons ensuite vers Schatzberg où la neige est encore plus profonde. Incroyable. Nous descendons à plusieurs reprises cette piste, la seule pour laquelle il faut un peu marcher, qui slalome en pente raide entre les arbres et revient presque au remonte-pente.

Les jours suivants, nous laissons de belles traces dans d’épaisses couches de poudre. Hannes connaît les endroits les plus excitants, hors de vue des autres chasseurs de poudreuse de la région. Nous nous éclatons dans le bois, sur les flancs des collines, nous sautons au-dessus de troncs d’arbres couchés… Pour clôturer sur une longue piste qui descend du sommet du Wiedersberger Horn et nous amène à une table chargée de Glühwein et de Kaiserschmarren.

SANKT ANTON AM ARLBERG

Sankt Anton est un véritable concept dans l’univers des sports d’hiver. La station offre non seulement des possibilités fabuleuses de ski et de snowboard, sur ses pistes comme en dehors, mais aussi des après-ski mondialement réputés. Pourtant, aujourd’hui, le choix ne paraît pas évident. Les prévisions les plus élaborées n’arrivent pas à concorder. La seule chose sur laquelle il y a unanimité est qu’il va neiger.

L’avantage de Sankt Anton est que nous connaissons bien cette station et que – normalement – nous devrions trouver à nous y loger. C’est du moins ce que nous espérons mais le service touristique ne dispose pas des options les plus attractives : une luxueuse suite ***** ne figure pas dans nos prix, il n’y a pas de chambres pour trois et deux chambres pour deux dépassent le budget prévu. Nous sommes trois et, non, nous ne savons pas combien de nuits nous allons rester. Nous présentons notre meilleur profil et parlons notre allemand le plus pur dans un  » Zimmer Frei « . Matelas gonflable et sac de couchage feront le reste.

Le premier jour, le climat ne nous réserve rien de bon : pas de visibilité, beaucoup trop de vent, très froid, plus de la moitié du domaine reste fermée. Nous serions-nous trompés ? Après une série d’applis et de sites Web, et quelques appels téléphoniques à des amis, nous décidons quand même de prolonger notre séjour. Le lendemain semble de meilleur augure. Le domaine semble à l’abandon, à quelques freeriders près. Nous nous amusons pendant toute la matinée entre les arbres de Stuben. L’après-midi, le ciel se dégage et nous changeons de crémerie pour nous diriger vers Sonnenkopf. Là-bas, la neige est encore plus abondante. Tellement qu’elle nous occupe pendant plusieurs jours. Le matin de notre départ, la neige tombe abondamment. Prenons-nous le risque de rester ou allons-nous plutôt rentrer directement à la maison après le petit-déjeuner ? De telles décisions ne sont jamais longues à prendre. Dès que nous sommes arrivés en haut de la montagne, le ciel d’éclaircit. Les pistes qui descendent aux environs du Glattingrat sont totalement désertes et exemptes de traces. Nous nous offrons une descente longue et passionnante jusqu’à Klösterle. Et nous roulons ensuite toute la nuit, juste ce qu’il faut pour arriver à l’heure ce lundi matin et nous présenter au bureau, un peu vaseux mais très heureux.

ISCHGL

Comment faire du freeride à Ischgl ? Une question qui vous brûle les lèvres. Ischgl, c’est faire la fête et sortir jusqu’aux petites heures pour ensuite, vers midi, chausser ses skis ou son snowboard, descendre une piste ou l’autre et retourner ensuite à ses activités d’après-ski. Nous, nous voyons les choses sous un autre angle : c’est au moment où le fêtard se traîne jusqu’à son lit que nous prenons la première remontée. De plus, les prévisions météo sont bonnes pour la vallée du Paznauntal.

Ischgl se montre moderne et sportive, ses remontées sont rapides et confortables, les files d’attente y sont inexistantes et ses possibilités n’ont pas de frontières, dans tous les sens du terme. Pour nous mettre en jambes, nous parcourons avec le guide de service, Michael Zangerle, le plaisant trajet de Palinkopf à Gampenalp. Le téléphérique de Piz Val Gronda donne accès à un domaine incroyablement séduisant. Un de ses classiques, la piste qui descend vers la Heidelberger Hütte, en témoigne. Nous clôturons la journée du côté du Höllspitze et du Bodenalp.

Le lendemain, comme on s’y attendait, le soleil est au rendez-vous. Michael nous propose dès lors une descente longue et excitante vers Samnaun, en Suisse. Le long du Ravaischer Salaas et du Salaaser Eck, nous skions dans la neige toute fraîche. C’est un trajet dont on ne sait jamais précisément où il va vous amener. Il est capital de connaître le terrain car, si vous manquez la sortie, vous risquez de vous retrouver sur une cascade gelée et il faudra l’hélicoptère pour vous délivrer. Quelques heures plus tard, nous sommes en Suisse et, plus tard encore, nous trouvons de la neige fraîche dans les environs de Greistspitze et Höllboden. Enfin, nous secouons la neige de nos vêtements sur un parking et reprenons la route de la maison.

Texte: Jurgen Groenwals

Si vous manquez la sortie, vous risquez de vous retrouver sur une cascade gelée et il faudra l’hélicoptère pour vous délivrer.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire