La brique vaincue par la crise

Les prix élevés des villas waterlootoises ne résistent pas aux assauts de la crise de 2008. Seul le segment des appartements, dont sont friands les seniors, bataille ferme et goûte à la victoire.

En immobilier, et en Belgique de surcroît, il est plutôt rare d’entendre un agent immobilier dire que le marché se porte mal. Et plus encore, que le bilan de l’année écoulée est  » exécrable « .  » On entend partout que les prix augmentent et que les biens dans une fourchette de 180 à 200 000 euros se vendent très rapidement, insiste Michel Dussart, de l’agence éponyme. Tant mieux. Mais que faire quand son portefeuille ne contient que très rarement des biens sous les 500 000 euros…  » Et Luc Delens, d’Immo Boulanger de renchérir :  » Nous vendons la chose la plus chère à acquérir dans une existence.  » Or, dans la région, celle-ci est plus onéreuse encore qu’ailleurs.

 » Depuis septembre 2008, le marché est difficile, poursuit Luc Delens. Nous vivons la crise la plus grave depuis l’après 1940-45. Mais aussi la plus agressive, longue et tenace. Autant d’éléments qui pèsent sur la confiance des gens. Et puis, les banques se font moins prêteuses. C’est logique, elles sont elles-mêmes occupées à se refinancer et exigent donc des garanties plus importantes.  » Résultat ?  » Les transactions s’allongent. Ceux qui peuvent attendre des jours meilleurs se gardent bien de mettre leur propriété en vente. Les autres se montrent patients, mais ne baissent pas leurs prix pour autant.  » Pas de chute de prix, donc. Le marché tend vers l’immobilisme et  » le nombre de ventes ne correspond pas à celui auquel on s’attend, compte tenu des nombreux attraits de la région « , conclut-il.

Après une année 2011 particulièrement difficile,  » surtout pour les ventes de biens dépassant les 600 à 700 000 euros « , précise Michel Dussart, l’horizon immobilier waterlootois n’est pas près de s’éclaircir.  » 2012 me semble encore pire que l’année dernière, pressent-il. En tous cas, les premiers mois n’augurent rien de bon. « 

Les appartements attaquent de front

Le tableau n’est pas entièrement noir pour autant. S’il est un segment qui traverse la crise, en mode pilote automatique, c’est celui des appartements.  » Depuis une dizaine d’années, on assiste à leur multiplication sur le marché waterlootois, assure Michel Dussart, et ce, en parallèle avec le vieillissement de la population. Il faut savoir que Waterloo s’est développé dans les années 1970-80 et que ceux qui avaient acheté une villa alors, veulent à présent s’en défaire pour un appartement.  » Du coup, en la matière, la demande est largement supérieure à l’offre.  » Dès que le permis est délivré, les unités sont mises en vente et la moitié d’entre elles sont vendues en un temps record. Les candidats-acquéreurs achètent presque deux ans à l’avance, sur plans « , ajoute-t-il.  » Et beaucoup sont prêts à donner plus qu’ils ne possèdent pour acquérir un tel bien « , souligne Luc Delens. Car, si celui-ci est plus réduit en taille, chacun de ses mètres carrés vaut une petite fortune : de l’ordre de 3 000 à 3 800 euros/m² hors frais. Il s’agit, en effet, d’appartements de haut standing, vastes (120-150 m² au minimum, deux à trois chambres) et confortables, qui se monnaient autour de 500 à 700 000 euros, frais compris.  » Ceux qui disposent d’une petite villa, voire d’une moyenne, éprouvent de plus en plus de difficultés à réunir la somme nécessaire « , observe le courtier. Alors, si en plus cette villa ne trouve pas acquéreur…

Un phénomène nouveau fait son apparition par ailleurs, boosté par cet engouement démesuré pour les appartements : l’intérêt des investisseurs.  » Depuis la crise de 2008, on a vendu énormément d’appartements à des particuliers, qui achètent pour louer par après, relève Michel Dussart. Alors qu’avant, au sein d’une même promotion immobilière, ces investisseurs concluaient seuls 5 à 10 % des ventes, maintenant, on parle de 60 % d’entre elles ! « 

Quid des terrains ?  » Il n’y en a quasiment plus, déplore Michel Dussart. On en vend un ou deux par an, au meilleur des cas, alors qu’il y a trente ans, on parlait de un ou deux par jour !  » Conséquence, les prix des parcelles grimpent à plus de 400 euros/m². Même si  » tout est fonction de la situation, bien sûr « . Dès lors, les promoteurs sont contraints de se rabattre sur l’option démolition-reconstruction de biens existants, et ce,  » surtout le long de la chaussée de Bruxelles, intervient le notaire Geoffroy Stas de Richelle. Mais aussi au-delà du centre, vers Charleroi, où l’ancien contrôle technique est en passe d’être rasé pour laisser la place à des immeubles à appartements « .

Les jeunes battent en retraite

Entre les Brabançons parmi les mieux nantis, les personnes âgées, les expatriés et autres étrangers fortunés – attirés par la présence d’écoles internationales telles que St. John’s International School et la Scandinavian School of Brussels, et plus portés sur la location que l’achat -, il n’est pas facile pour un jeune couple de faire le poids et de dénicher, à Waterloo, la maisonnette de ses rêves… à la mesure de son porte-monnaie. Nombre d’entre eux se voient ainsi refuser l’accès à la propriété, faute de moyens.

Et si,  » dans l’ensemble, Waterloo est trop cher pour les jeunes ménages « , se désole Luc Delens, certains coins sont carrément hors de leur portée. Notamment les avenues des Chasseurs, du Manoir et Belle Vue, les plus huppées du Faubourg, ce quartier situé au nord de la commune, à un jet de pierre de Rhode-Saint-Genèse et, surtout, de Bruxelles.  » Le Faubourg porte mal son nom et ses trois artères chics correspondent au Zoute de Waterloo « , glisse le courtier. Pour trouver des biens moins onéreux, il faut chercher un peu.  » Autour de la gare, dans le quartier du Chenois, quelques jeunes ont pu acheter parce que certains biens affichaient des prix très bas, pointe Luc Delens. Une fois rénovés, ceux-ci ont vite doublé de valeur. Mais ce n’est pas courant, et à quelques rues de là, plus au sud, dans le même quartier, on retrouve les villas waterlootoises à 500 000 euros. « 

Sauf coup de chance, il reste pour ces jeunes candidats- acquéreurs à se tourner vers d’autres cieux et viser les communes avoisinantes. Dont fait partie, entre autres, Braine-l’Alleud, où de nombreux lotissements font encore leur apparition et remportent un franc succès.  » Sur 27 terrains récemment mis en vente, 14 ont été acquis par des jeunes âgés de 25 à 35 ans « , signale Geoffroy Stas de Richelle. A quel prix ?  » Cela varie entre 100 000 et 130 000 euros, tandis que les maisons en construction sont plutôt l’apanage des 40-60 ans, qui déboursent plus, entre 250 000 et 330 000 euros.  » Plus au sud, Nivelles se pare également de nombreux lotissements, qui comptent dans leurs rangs tant des petites unifamiliales que des immeubles à appartements.  » L’ensemble attirant un public de jeunes ménages comme d’investisseurs « , ponctue le notaire. Lesquels jettent leur dévolu sur des appartements entre 180 000 et 250 000 euros, des 2-façades en construction tournant autour de 270 000 euros, voire des 4-façades entre 300 000 et 400 000 euros.

FRÉDÉRIQUE MASQUELIER

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