Felix Luque Sánchez dissèque "le rapport foncièrement schizophrène que nous entretenons avec la technologie". © LESLIE ARTAMONOW

L’interview

Felix Luque Sánchez

En compagnie du designer Damien Gernay et d’Iñigo Bilbao Lopategui, Felix Luque Sánchez (Oviedo, 1976) investit le Mima pour déployer Verisimilitude. Cette exposition invite le visiteur à réfléchir sur les objets technologiques, à la faveur d’un parcours rétroprospectif incitant à penser notre présent déliquescent depuis un futur non moins anxiogène.

A travers des carcasses, des images de casses et autres pièces détachées, la voiture occupe une place centrale dans Verisimilitude…

L’ automobile est l’un des symboles du capitalisme et de la consommation de masse. Emblème de la modernité depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, la voiture précipite aujourd’hui les questionnements autour des défis majeurs de notre monde: l’épuisement des ressources naturelles et l’effondrement écologique du monde contemporain. L’industrie automobile exemplifie la fragilité du modèle néolibéral et de la globalisation économique. Elle est devenue l’un des emblèmes de l’incapacité des alternatives technologiques actuelles face à ces défis.

Il se dégage une véritable instabilité, tant spatiale que temporelle, de votre proposition.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que nous produisons une fiction au départ de territoires bien réels que nous rematérialisons. Cette recréation instaure une distance entre la réalité et sa représentation dans le lieu d’exposition. Ce va-et-vient définit notre travail. L’intention est de placer le visiteur face aux contradictions qu’il formule devant l’objet technique, à savoir qu’il en attend le salut et, en même temps, l’envisage comme ce qui cause la perte de l’humanité. Ce qui m’intéresse, c’est le rapport foncièrement schizophrène que nous entretenons avec la technologie.

Une pièce en particulier, Perpétuité, laisse perplexe. Quel est son sens?

Il s’agit de deux machines qui interagissent de manière à se neutraliser. La première tente de dessiner avec du sable le symbole de l’infini et quand elle y est presque arrivée, la seconde se met à effacer le début du dessin. Cette tâche perpétuelle, absurde, revisite le mythe de Sisyphe.

Au Mima, à Bruxelles, jusqu’au 30 mai prochain.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire