L’i-mode au quotidien

Entre la théorie et la pratique, il existe souvent de petites divergences. Une règle qui se vérifie partiellement avec les premiers pas de l’Internet mobile

Sur le papier, l’i-mode se présente comme la technologie permettant de profiter réellement des avantages d’Internet depuis un simple GSM. En réalité, l’i-mode n’est pas à proprement parler une nouvelle technologie. Il s’agit plutôt d’un service (s’appuyant sur un langage de formatage de texte propriétaire) qui profite de la norme GPRS (General Packet Radio Service) pour offrir à ses utilisateurs une lucarne permanente sur la Toile. Pour en bénéficier, il faut posséder un combiné compatible et un abonnement. Actuellement, les deux ingrédients se trouvent exclusivement chez Base, l’unique opérateur du pays à supporter le nouveau service. Pour 6 euros par mois et après avoir déboursé 375 euros pour acquérir le NEC N21i – le seul GSM à écran couleur capable actuellement d’afficher correctement des pages i-mode – on commence à parcourir les sites de quelque 127 fournisseurs de contenu. Premier constat: avec le GPRS, dont le débit atteint théoriquement 150 kbps (dans la réalité, une trentaine de kilobits), on oublie les temps d’attente exaspérants. En fonction de la qualité du signal (qui dépend principalement de l’endroit où l’on se trouve), l’ouverture d’une page ne prend que 2 à 3 secondes. Une fluidité dont profite le surfeur pour tester un maximum de choses: météo, derniers résultats du championnat de foot, annuaire d’adresses, plans d’une ville ou une multitude de jeux et de sonneries à télécharger…

Durant les premières heures d’utilisation, l’usager a de quoi se divertir. Pour 2 euros mensuels supplémentaires, il peut même avoir accès à des images de demoiselles plus ou moins dénudées. Voilà d’ailleurs l’un des principaux reproches qui pointe déjà le bout de son nez. Même avec un écran couleur capable d’afficher 256 couleurs, les donzelles virtuelles n’arrivent pas à mettre pleinement en valeur leurs atouts. Dès lors, à moins d’être paumé depuis cinq ans dans les vastes étendues arctiques, on voit mal l’intérêt de tels contenus. D’autant que, pour afficher ces pages en couleur ou entendre les sons polyphoniques à 16 tons de certains jeux, la batterie est mise à rude épreuve. Celle-ci, en lieu et place des 3 heures d’autonomie en communication et 160 heures en mode veille annoncées, finit par vous lâcher avant même l’entame de la deuxième heure de surf. En n’abusant pas et en rechargeant le GSM tous les soirs, il est quand même possible de se plonger chaque matin dans les grands titres de la presse quotidienne. Elément non négligeable lorsque l’on passe chaque jour plus d’une heure dans les transports en commun. Outre le site de trois quotidiens francophones du pays (La Libre Belgique, La Dernière Heure et Le Soir, dont la mise à jour s’effectue au lance-pierres), on peut charger, si l’on a réglé les 2 euros d’abonnement mensuel, l’information depuis l’adresse des agences de presse, Belga, Reuters et AFP.

Qui dit Internet pense courrier électronique. Présentée comme l’application capable d’assurer le succès de l’i-mode, la fonction se révèle assez limitée. La rédaction d’un mail avec le clavier d’un GSM est tellement laborieuse que l’on oublie assez rapidement l’utilisation de celui-ci au profit du SMS. L’option demeure cependant intéressante pour consulter son courrier entrant pour autant que celui-ci ne dépasse pas les 1 000 caractères. Et encore, il n’est pas possible de réceptionner directement le courrier qui arrive dans votre boîte aux lettres classique (celle de votre PC). Il est nécessaire de faire suivre celui-ci vers une adresse mail.be afin qu’il soit redirigé vers le GSM. En ce qui concerne le volume d’informations transférées, les 20 MB de limite de transfert inclus dans le forfait mensuel de 6 euros paraissent largement suffisants. En deux semaines de test, nous n’avons réussi qu’à consommer 934 malheureux petits Kb.

Il est encore difficile de savoir si l’i-mode, disponible depuis le 15 octobre, rencontrera les attentes du public. Du côté de l’opérateur, on s’abstient de communiquer sur le nombre d’abonnés enregistrés. Tout au plus explique-t-on que « l’i-mode est un produit qui demande à être testé et expérimenté par les clients potentiels. Ce qui explique une croissance lente dans la phase initiale de lancement, comme cela a déjà été constaté au Japon et en Allemagne, ainsi qu’aux Pays-Bas ». Base s’attend donc à un phénomène identique en Belgique. Vu l’ergonomie encore inadaptée des GSM pour l’écriture d’un courrier, l’absence de fonction véritablement innovante et la bonne disponibilité des connexions Internet en Belgique, on reste sceptique quant au succès de la formule. Seule, finalement, l’incroyable facilité de création de site i-mode joue en faveur du service. Si une communauté suffisamment importante d’utilisateurs s’approprie cet outil de création, on pourrait voir apparaître des choses innovantes. Comme pour le WAP en son temps, la balle se trouve dans le camp des consommateurs. Il leur revient de transformer ou non l’essai.

Vincent Genot, Informations:

www.imode.be ou www.base.be

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire