My Parents, 1977. "Il s'agit de la version finale du portrait de ses parents, Kenneth et Laura. C'est l'une des peintures les plus appréciées des Britanniques et elle semble particulièrement bouleversante aujourd'hui, après que des familles ont été séparées de leurs parents âgés en raison de la pandémie." © Photo ©Tate (Joe Humphrys)

L’éternel printemps de David Hockney

Doublement consacrée par Bozar, l’oeuvre de l’artiste britannique invite la lumière de la belle saison au coeur de l’automne. Sélection d’images commentées par Helen Little, commissaire de l’expo OEuvres de la collection de la Tate, 1954-2017.

A 84 ans, David Hockney est un pan de l’histoire de l’art contemporain à lui tout seul. En plus de soixante années de pratique, l’artiste a abordé le portrait, la photographie, le dessin, la gravure… et s’est même offert le privilège d’épuiser les nuances de la verte campagne du Yorkshire, celles de l’eau des piscines de luxueuses villas californiennes ou encore les tonalités subtiles des vergers de Normandie où il réside désormais.

Environ trente ans après une exposition bruxelloise (1992) en ce lieu, le Britannique revient à Bozar par la grande porte à la faveur d’une double programmation. OEuvres de la collection de la Tate, 1954-2017 se découvre comme une rétrospective permettant d’embrasser sa carrière depuis sa contribution à l’iconographie du Swinging London jusqu’aux célèbres paysages monumentaux. Le second volet, L’Arrivée du printemps, Normandie, 2020, qui a été montré à la Royal Academy de Londres, compile des compositions extrêmement colorées réalisées par l’artiste sur son… iPad. Cela fait plusieurs années que David Hockney, toujours attentif aux innovations, a adopté avec ferveur ce médium qu’il pratique au quotidien. Et peu importe si cela bouleverse les certitudes du milieu de l’art. Composée durant le premier confinement, la série printanière se regarde à la façon d’une invitation à la joie de vivre, particulièrement quatre jonquilles aux couleurs pop et vives dont l’intitulé Do Remember They Can’t Cancel The Spring (« Rappelez-vous qu’ils ne peuvent annuler le printemps ») a enthousiasmé la planète entière. Superficiel, David Hockney? Dès le début des années 1960, le plasticien s’est engagé dans de la défense des droits de la communauté LGBT – on pense à Domestic Scene, Los Angeles (1963) qui figure deux garçons en train de se doucher. A cette époque, l’homosexualité était passible de prison au Royaume-Uni… Pour Sophie Lauwers, directrice des expositions, qui a eu la chance de rencontrer le maître dans sa maison de Beuvron-en-Auge, il faut penser à Hockney comme à « un homme épris de peinture, ayant toujours fait passer sa pratique avant tout, dont la passion innerve une formidable érudition picturale ».

Bigger Trees near Warter or/ou Peinture sur le motif pour le nouvel age post-photographique, 2007.
Bigger Trees near Warter or/ou Peinture sur le motif pour le nouvel age post-photographique, 2007. «  »J’ai grandi près des Wolds du Yorkshire et j’aime ses paysages intacts. » , confia, un jour, David Hockney. Composé de cinquante toiles, ce tableau est le plus grand de Hockney à ce jour. Il en a peint chaque élément en plein air. La technologie informatique lui permet ensuite d’articuler l’agencement global dans son atelier. »

OEuvres de la collection de la Tate, 1954-2017 et L’Arrivée du printemps, Normandie, 2020, à Bozar, du 8 octobre au 23 janvier prochain.

No. 299, 29th April 2020, iPad painting, 2020.
No. 299, 29th April 2020, iPad painting, 2020. « Les expositions de Hockney révèlent que les résidences de l’artiste occupent une place centrale dans le développement de son oeuvre. Son récent déménagement de la Californie vers la Normandie témoigne de manière éclatante de sa capacité à lire et exprimer un nouveau paysage. »
In the Studio, December 2017, 2017.
In the Studio, December 2017, 2017. « L’histoire de l’art regorge d’exemples d’artistes utilisant leur atelier comme sujet de leur oeuvre. Cette composition est la contribution de Hockney à cette tradition. Constituée de plus de trois mille photographies assemblées numériquement, elle reflète son irrépressible volonté de sonder l’espace pictural. »
Man in Shower in Beverly Hills, 1964.
Man in Shower in Beverly Hills, 1964. « Ce tableau synthétise le glamour et l’insouciance que l’artiste a découverts à Los Angeles. Il évoque sa fascination pour l’utilisation exubérante de l’eau par les Californiens à travers la prolifération des douches, piscines et autres arroseurs, synonymes d’une vie dorée. »
Hotel Acatlan: Two Weeks Later, 1985.
Hotel Acatlan: Two Weeks Later, 1985. « Le concept de « Moving Focus » ( « mise au point mobile » ) traverse soixante ans de son oeuvre. Ce panorama coloré peut se comprendre comme la tentative de traduire l’espace tridimensionnel sur une surface plane afin de donner au regardeur la sensation de voyager dans l’oeuvre. »
No. 316, 30th April 2020, iPad painting, 2020.
No. 316, 30th April 2020, iPad painting, 2020. « Les arbres sont une source inépuisable de fascination pour Hockney. Ses dernières études les montrent de manière à restituer le caractère vivant, jusqu’au trouble, de leur présence. Je suis impressionnée par le regard constant qu’il pose au fil des saisons sur son environnement immédiat. »

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