L’été plein les poches

Petit, économique, savant, distrayant : le livre de poche

est le parfait compagnon de voyage. Du roman à l’essai, en passant par le polar, on peut tout

y relire ou y découvrir. La preuve par 29à

romans Retour en terre par Jim Harrison

>>> Dans ses paysages préférés – le nord du Michigan, au bord des Grands Lacs – Jim Harrison nous raconte les derniers moments d’un métis Chippewa-Finnois de 45 ans, Donald, atteint d’une incurable sclérose en plaques. A sa femme, Cynthia, il dicte une longue confession en forme de testament. Pour rappeler les trésors de sagesse que lui ont légués ses ancêtres indiens. Pour dire comment il affrontera la mort et comment il a traversé cette existence qu’il a infiniment aimée, loin des fracas de l’Amérique industrielle. Au fil de ses confidences se noue un récit où le chagrin et la sensualité se mêlent dans la même musique, à la fois funèbre et enchantée – un carpe diem aux accents de requiem.  » J’ai eu la chance de passer ma vie près de la terre. Cela rend les adieux plus difficiles. Les membres de ma famille m’accompagneront comme ce vieux corbeau tombant lentement à travers les branches d’un sapin « , dira Donald, avant d’accomplir son ultime voyage. Ce Retour en terre est un des romans les plus poignants de  » Big Jim « , qui nous invite à méditer sur notre précarité dans des décors éblouissants de grâce. l A. C.

Trad. de l’anglais (E.-U.) par Brice Matthieussent. 10/18, 325 p.

La Dame blanche par Christian Bobin

>>>  » Je ne veux plus écrire une seule phrase dont je ne pourrais répondre « , nota un jour Christian Bobin. Autant dire que chacun des mots de cette biographie impressionniste et subjective d’Emily Dickinson (1830-1886) est pesé, soupesé. Et c’est à un voyage aérien que nous entraîne l’ermite du Creusot et du Très-Bas : sous sa plume alerte se dessine l’étonnant destin de la grande poétesse américaine, qui passa plus de vingt-cinq ans recluse dans la maison familiale d’Amherst (Massachusetts).  » L’humilité est son orgueil, l’effacement, son triomphe « , commente l’auteur, au détour des pages de ce bref et lumineux portrait.

l M. P.

Folio, 126 p.

Voyage sentimental en France et en Italie par Laurence Sterne

>>> Du grand écrivain irlandais Laurence Sterne, on connaît surtout le roman picaresque Vie et opinions de Tristram Shandy. Son £uvre ne saurait toutefois se résumer à ce monstre littéraire. Ainsi, en 1768 (quelques semaines avant sa mort), Sterne publia cet iconoclaste Voyage sentimental en France et en Italie – même s’il y est au final bien peu question de nos voisins transalpinsà Nous suivons l’odyssée du pasteur Yorick, sorte de don Quichotte britannique, en vadrouille de Calais à Moulins, en passant par Versailles, Montreuil ou Paris. Tour à tour onirique, philosophique ou amoureuse, cette drôle de virée dans l’Hexagone est un régal ! l B. L.

Traduit de l’anglais par Léon de Wailly. Rivages Poche, 230 p.

La Mer par John Banville

>>> Le narrateur vient de perdre son épouse. Pour que le chagrin soit moins lourd, il décide de faire un pèlerinage vers son enfance et il débarque dans la petite station balnéaire du sud de l’Irlande où, un demi-siècle auparavant, il avait passé un été pas comme les autres. Il retrouve les falaises, les dunes, les parfums d’antan et, surtout, la luxueuse villa nimbée d’une sensualité fitzgéraldienne autour de laquelle il n’avait cessé de rôder, avant le drame qui allait assombrir cet été-làà Remords, nostalgie, fantômes tapis au creux de la mémoire, souvenirs d’un premier amour, tout cela défile sur le carrousel de ce récit délicatement impressionniste, telle une aquarelle du temps perdu.

l A. C.

Trad. de l’anglais

par Michèle

Albaret-Maatsch.

10/18, 247 p.

Le Chant du bourreau par Norman Mailer

>>> Prix Pulitzer en 1980, ce roman-fleuve désormais célébrissime est un portrait magnifique de Gary Gilmore qui, après un double meurtre en 1976, fut condamné à la peine capitale et refusa de faire appel au lendemain de son procès. Mêlant témoignages et enquêtes, Mailer retrace toute la vie de Gilmore, évoque sa jeunesse dans une famille mormone, raconte ses amours tumultueuses, ses premiers larcins, ses multiples séjours en prison, sa lente descente aux enfers et sa volonté farouche d’être fusillé dans un pénitencier de l’Utahà Cette affaire secoua l’Amérique profonde, dont Mailer fait une autopsie magistrale dans ce récit à couper le souffle, où l’on découvre comment l’antihéros Gilmore devint une sorte d’icône diabolique : celle d’un  » homme qui voulait mourir « . l A. C.

Trad. de l’anglais (E.-U.) par Jean Rosenthal. Pavillons Poche, 1 302 p.

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