L’Est ou le Sud ?

On ne vous en a rien dit, mais il faut qu’on vous en parle. Le 12 décembre, les dirigeants européens ont salué les propositions de la Commission sur la création d’un  » partenariat oriental  » – même s’ils ont décidé de ne l’approuver formellement qu’en 2009 – destiné à renforcer les relations entre l’UE et six anciennes républiques soviétiques. L’Ukraine, la Moldavie, la Géorgie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, et la Biélorussie (à la condition expresse que cette dernière se démocratise) se voient ainsi proposer un cadre de rapprochement ambitieux. Il ouvre la perspective d’accords d’association d’un nouveau type, une coopération politique sensiblement renforcée, des zones de libre-échange approfondies, une amélioration de la sécurité énergétique, un assouplissement des formalités pour les citoyens souhaitant se rendre dans l’Union, ainsi qu’une aide financière accrue. Au total, 75 millions d’habitants en seront bénéficiaires.

Est-ce une sorte d’élargissement rampant ? Pas de sitôt. Ce partenariat répond certes au souhait des pays concernés de s’arrimer à l’Europe, mais il est également d’un intérêt vital, pour l’Union européenne, de veiller à la stabilité, à la bonne gouvernance et au développement économique à ses frontières orientales. Les événements du Caucase, au mois d’août dernier, ont incité l’UE à accélérer le mouvement. L’idée a été pourtant propulsée au printemps 2008, par la Suède et la Pologne. Deux objections ont immédiatement été levées : premièrement, l’Union ne souhaite pas adresser à ces six nations une promesse d’adhésion ; deuxièmement, la Russie, qui refuse d’être associée, ne doit pas percevoir ce projet comme une ultime tentative de l’isoler (elle considère que l’UE et l’Otan avancent à ses marches main dans la main). L’Ukraine, partenaire le plus avancé dans les négociations en vue d’une future adhésion à l’UE, devra déchanter ; quant à la Géorgie, elle a compris que l’Europe ne pouvait guère lui offrir davantage (et en aucun cas l’adhésion à l’Otan). Mais, alors que va débuter la présidence tchèque de l’Union, il apparaît clairement que ce partenariat oriental constitue une réplique de l’Europe centrale – soutenue par l’Allemagne – au grand dessein français – nettement rétréci – de l’Union pour la Méditerranée. Au rêve de Gibraltar s’oppose ouvertement la logique de la Caspienne.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire