Sergueï Skripal, condamné en Russie pour avoir travaillé pour les services britanniques, fut expulsé en 2010. © Y. SENATOROV/KOMMERSANT/REUTERS

L’EMPOISONNEMENT DE TROP

Un ancien espion russe, Sergueï Skripal, et sa fille ont été retrouvés dans un état comateux à Londres. Theresa May met en cause Moscou.

Pour Marina Litvinenko, veuve d’un opposant russe empoisonné en 2006 à Londres, la tragique mésaventure de Sergueï Skripal a  » comme un air de déjà-vu « . A Salisbury, dans le sud de l’Angleterre, le 4 mars, le transfuge russe était assis sur un banc, dans un état comateux, avec sa fille Youlia affalée contre lui, lorsqu’une passante a appelé les secours. Très vite, médecins et enquêteurs ont mis en cause un agent innervant. Et la Première ministre Theresa May, devant les députés, a jugé  » très probable  » que Moscou soit  » responsable  » de l’empoisonnement.

Un échange avec les Etats-Unis

Alors qu’il était colonel dans les services de renseignement de l’armée russe, le GRU, Sergueï Skripal avait été recruté en 1995 par les Britanniques. Après son arrestation, en 2004, il a reconnu avoir révélé l’identité de plusieurs dizaines d’espions russes travaillant en Europe. Condamné à treize ans de camp, il a été expulsé en 2010, à la faveur d’un échange avec des agents secrets russes détenus aux Etats-Unis.

L’attaque de Salisbury ravive le souvenir de la mort d’Alexandre Litvinenko : ex-agent des services secrets russes, il a succombé, il y a douze ans, à l’ingestion de polonium 210, une substance radioactive très toxique. En 2016, une enquête officielle britannique a conclu à de  » fortes présomptions  » sur la responsabilité de l’Etat russe dans sa mort. En 2012, aussi, un homme d’affaires russe, Alexandre Perepilitchni, est mort en Angleterre dans des conditions suspectes : des traces de gelsemium, un poison naturel, ont été retrouvées lors d’une contre-expertise, deux ans après son décès. Perepilitchni avait fui la Russie après la mort en détention de Sergueï Magnitski, un avocat ayant dénoncé une vaste fraude fiscale impliquant des proches de Vladimir Poutine.

La tragique mésaventure de Sergueï Skripal a u0022 comme un air de déjà-vu

Vengeance du Kremlin ? Des  » accusations sans fondement « , fustige la diplomatie russe, qui dénonce une histoire destinée à  » doper la campagne antirusse dans les médias « . A la différence de Litvinenko, opposant actif à Poutine, Sergueï Skripal avait choisi de se mettre au vert et ne semblait pas représenter de danger pour le pouvoir russe. Mais les médias britanniques relèvent une étrange coïncidence : la mort récente de son épouse, de son fils et de son frère. Glaçant.

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