L’avocat de la terreur

Il n’y a pas eu de génocide au Cambodge.  » C’est un expert qui vous le dit, hier avocat de Carlos, Klaus Barbie, Slobodan Milosevic, Tarek Aziz et, aujourd’hui, de l’ex-chef de l’Etat cambodgien sous le règne abject des Khmers rouges, Khieu Samphan. Dans une interview récemment accordée à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, Jacques Vergès soutient que les chiffres du génocide des Cambodgiens ont été  » exagérés « . Il ajoute que, si les actes de torture furent  » inexcusables  » et s’il y eut  » beaucoup de meurtres « , la plupart des victimes seraient, selon lui, mortes  » de maladie et de famine  » en raison de l’embargo décidé par les Etats-Unis. Sans le moindre espoir d’y parvenir, l’avocat de la terreur ne s’interdit pas de convoquer Henry Kissinger au procès de Khieu Samphan, dont la date n’a pas encore été fixée, devant le tribunal spécial qui se penche sur les violences de masse commises par les Khmers rouges.

Près de 2 millions d’êtres humains ont trouvé la mort sous les coups de ces  » Kampuchéens révolutionnaires « , qui, pour avoir tenté d’assassiner leur propre peuple et non un groupe identifié par des critères distinctifs, n’ont pas à ce jour pleinement rempli les critères juridiques de ce que l’ONU appelle un  » génocide « . Mais, d’une part, une forte majorité de juristes et d’historiens reconnaissent sans discussion le caractère génocidaire ; d’autre part, l’unanimité s’est faite pour accepter les termes de  » crimes contre l’humanité  » et de  » crimes de guerre  » ; enfin, le procès justement en cours renforce la qualification de génocide en interrogeant ceux qui l’ont perpétré. Si tout cela ne suffisait pas, il y aurait encore ces monceaux de crânes empilés, ces champs d’ossements, ces familles déchiquetées et, surtout, ces larmes qui viennent instantanément aux yeux des survivants racontant ce qu’il leur a fallu endurer.

Jacques Vergès ne se contente pas de s’instiller, avec un vice tout particulier, dans les interstices du droit international, dont on sait les lacunes. Il rit des souffrances de tout un peuple, méprise la douleur infinie des victimes. Dans le Spiegel, il reconnaît avoir, dans les années 1950,  » rencontré Saloth Sar « , vrai nom de Pol Pot,  » jeune homme qui aimait Rimbaud  » et qui  » n’était pas sans avoir un certain sens de l’humour « . Celui qui aime faire du mal aux autres par plaisir s’appelle un sadique. l

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