L’autorité ne veut point de compagne

L’ingérence de la compagne du président de la République française dans les affaires de l’Etat, le fameux tweet de la Première dame, n’est pas tout à fait une première au royaume de France. Maria Leszczynska, la princesse polonaise de Wissembourg qui épousa Louis XV commit égale maladresse, quatre mois à peine après son accession au trône  » royal « . Nous sommes en 1725 à Versailles, la belle Maria découvre l’impitoyable rivalité entre le cardinal de Fleury, précepteur du roi et ministre d’Etat, et le duc de Bourbon, qui faisait fonction de Premier ministre du royaume ; la France est en pleine crise économique, le prix du pain a doublé, et chacun des deux hommes man£uvre pour éliminer l’autre, considéré comme un rival incapable. Par naïveté, la reine se place au c£ur d’une incroyable manipulation et prend parti pour le duc de Bourbon. Quand elle se rend compte de sa  » gaffe « , il est trop tard, le roi se croit bafoué par son épouse, et l’écarte désormais de toutes confidences, de toutes décisions sur la marche du royaume. […] Jamais Maria n’aura accès aux affaires de l’Etat, son affaire à elle ne sera plus que de faire 10 enfants pour donner un héritier mâle vivant à la couronne. Elle qui, lors de ses séjours à Zweibrucken et à Wissembourg, a reçu une éducation empreinte des  » Lumières  » se tiendra désormais à l’écart de la politique. Seule petite intrusion, quand elle exercera son rôle de Première dame charitable et intercédera auprès du roi pour obtenir la grâce d’un déserteur :  » La miséricorde des rois est de rendre la justice, la justice des reines est d’exercer la miséricorde « , écrira-t-elle. Le métier de compagne du roi excluait donc tout pouvoir politique. Valérie Trierweiler pourrait lire avec bonheur la longue lettre rédigée par Stanislas à sa fille la veille de son mariage à Strasbourg pour lui éviter des faux pas sur le trône :  » Vous devenez reine de France. A la cour, il y a des gens que l’on hait et que l’on aime, sans savoir pourquoi. Envers les premiers, c’est une injustice, envers les autres c’est une faiblesse… N’essayez point de percer les voiles qui couvrent les secrets de l’Etat. L’autorité ne veut point de compagne. « 

(Coauteur de Il faut marier Maria, Madame Louis XV, Princesse de Wissembourg, éditions Bourg Blanc.)

Il n’est pas donné suite aux lettres ouvertes ou portant des adresses incomplètes. La rédaction raccourcit certaines lettres pour permettre un maximum d’opinions.

AMBROISE PERRIN, PAR COURRIEL

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