L’armée attire les jeunes

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Fin juillet, le serveur de la Défense a connu la surchauffe, assailli de candidatures – surtout francophones – au nouveau service militaire volontaire. Et d’autres formules d’engagement à l’armée séduisent en ces temps de crise.

La Défense recrute  » affiche, en manchette, la page d’accueil de mil.be, le portail de l’armée belge. Des centaines de jeunes, francophones pour la plupart, ont entendu le message. Tatiana, une Bruxelloise de 22 ans, étudiante en 4e année de kiné, nous confie qu’elle a décidé, cet été, d’abandonner ses études pour embrasser la carrière militaire.  » Pourquoi pas ? L’armée, c’est la sécurité de l’emploi, non ?  » Jean, un Camerounais de 19 ans, se voit déjà en kaki :  » Mais je ne suis pas sûr que l’armée belge accepte les étrangers dans ses rangs.  » D’autres jeunes, pour beaucoup sans diplôme ou au chômage, se montrent intéressés par un emploi sous les drapeaux, comme en témoignent les blogs de certains partis et d’autres forums de discussion.

Toutes formules d’engagement confondues, l’armée a prévu d’embaucher 1 300 personnes cette année, 2 000 par an à partir de 2011. Un paradoxe apparent, puisque son effectif n’a cessé de fondre ces dernières années et doit encore être dégraissé. Il devrait tomber à 34 000 en 2012, dont 2 000 civils, contre environ 100 000 hommes il y a vingt ans. C’est l’une des conséquences du plan de réforme de l’armée, ce qui n’empêche pas la poursuite du recrutement. Objectif : inverser la pyramide des âges, répondre aux départs à la pension et à la rotation de l’effectif.

L’une des formules proposées est le nouveau service militaire volontaire, l’  » EVMI  » (Engagement volontaire militaire) en jargon du métier. Dès l’ouverture des inscriptions, fin juillet, le site de la Défense a croulé sous les milliers de visites pour… 155 postes à pourvoir. Au total, 724 jeunes se sont portés candidats, dont plus de 70 % de francophones. Ils devront passer des tests médicaux, physiques et psycho-techniques avant d’être éventuellement incorporés. Quelque 220 places supplémentaires seront accessibles en janvier prochain pour ceux qui n’ont pu s’inscrire à temps. Ce service d’une durée de vingt-quatre à quarante-huit mois est accessible aux jeunes jusqu’à 26 ans. Les six premiers mois, le volontaire devra se contenter d’une solde de 6,98 euros par jour. Contrainte de se serrer la ceinture, la Défense a trouvé la formule la moins onéreuse possible pour lutter contre le vieillissement de la troupe. Et ça marche !

Pourquoi ce succès ?  » Depuis que les militaires belges sont envoyés en Afghanistan, au Liban ou partent combattre les pirates somaliens, l’armée belge a une plus grande visibilité médiatique, répond un officier. Les jeunes d’aujourd’hui n’associent plus la Défense à l’ancienne armée « sédentaire » d’occupation de l’Allemagne. L’aspect aventure, vie en groupe et dépassement de soi est valorisé par pas mal de jeunes. » Autres éléments clés, selon notre interlocuteur :  » Les seuils de recrutement sont les plus bas possible et l’engagement est souvent temporaire. Le nouveau service militaire volontaire peut servir de tremplin pour une carrière militaire ou un job dans le civil. Et il est indéniable que la crise socio-économique renforce l’intérêt pour un emploi dans le secteur public. Ce n’est pas un hasard si les candidats sont surtout wallons et bruxellois. « 

OLIVIER ROGEAU

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