Kouchner : derniers jours au quai

Bernard Kouchner démissionnera-t-il quand viendra l’annonce des choix définitifs du gouvernement en matière d’extension de la déchéance de la nationalité française ?  » Je ne le supporterai pas, a-t-il confié récemment à un proche. Je m’en irai.  » Passera-t-il aux actes, cette fois, lui qui a avoué, sur RTL, le 30 août, avoir  » pensé  » à raccrocher après l’affaire des Roms ? Ne sera-t-il pas plutôt congédié par Nicolas Sarkozy à l’occasion du remaniement automnal ? Pour beaucoup de ses collègues, une chose semble en tout cas certaine : le ministre des Affaires étrangères vit ses derniers jours au Quai d’Orsay.

 » Prendre Védrine, c’est un événement pour Le Nouvel Observateur ; Kouchner, c’est un événement pour la France « , lança Alain Minc au moment de la nomination de ce dernier (1). Les commentaires qui salueront son départ seront plus sévères.  » Il n’était pas fait pour le job « , conclut un membre de l’équipe Fillon. Le 29 août, Pierre Moscovici réunit pour un dîner ceux qui ont travaillé à ses côtés au ministère des Affaires européennes sous Lionel Jospin. La plupart sont toujours en poste au Quai. Ce que le député socialiste entend ce soir-là est sans appel. Bernard Kouchner n’aime pas les diplomates, les traite n’importe comment, ne les écoute pas quand ils parlent, ne lit pas leurs notes. Et ceux-ci, d’ailleurs, le lui rendent bien. Récemment, à l’un de ses collègues, l’ex-French doctor, 70 ans, confiait :  » Ils sentent la mort, les ambassadeurs. « 

 » Les ministres des Affaires étrangères qui ont réussi sont ceux qui ont une grande proximité avec le président et son cabinet « , constate un ancien membre du gouvernement. Très vite, Kouchner se cogne à l’emprise de l’Elysée sur sa matière. Les conflits avec Jean-David Levitte [NDLR : le sherpa de Nicolas Sarkozy] se multiplient. Claude Guéant se déploie au Moyen-Orient et en Afrique. Finalement, l’ancien défenseur du droit d’ingérence se concentrera sur quelques dossiers qui lui tiennent à c£ur, comme la réconciliation avec le Rwanda.

Emblématique figure de l’ouverture, l’ex-socialiste n’aura jamais su se faire accepter par la droite. Ses relations avec Jean-François Copé sont exécrables. Un secrétaire d’Etat l’assure :  » Kouchner me croiserait dans la rue, il ne me reconnaîtrait pas.  » Avec Nicolas Sarkozy, la séduction a fait place à l’agacement. Au début du quinquennat, leurs tours de la planète sont joyeux, le patron de la diplomatie est un compagnon de voyage délicieux. En janvier 2009, il revient du Mexique en compagnie du couple présidentiel. Avec Carla, il parle longuement de Et Nietzsche a pleuré, d’Irvin Yalom, et de la psychanalyse. Une autre époque.

(1) Propos rapportés par Michel-Antoine Burnier dans Les Sept Vies de Kouchner (XO Editions).

L. V.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire