Kafka en son royaume

La fédéralisation de la Belgique et la politisation de l’administration : autant de facteurs d’inefficacité.

La Belgique est un royaume kafkaïen : 6 niveaux de pouvoir (fédéral, Région wallonne, Communauté française, Flandre, Région bruxelloise, Communauté germanophone), 6 administrations, 6 statuts différents. Demander à une simple assistante sociale de passer d’un niveau de pouvoir à un autre peut se révéler un véritable casse-tête : son salaire devra être revu, ainsi que l’organisation de sa carrière. Et ces questions d’ordre pratique ne seraient encore rien si elles ne se doublaient pas, en sus, d’une absence totale de lisibilité et d’un gaspillage monstrueux.  » Scinder les compétences est devenu une spécialité belge pour multiplier les postes ! tonne l’économiste Jean Hindriks. Comment justifier qu’il y ait 6 ministres de la Fonction publique en Belgique ? Cet éparpillement du pouvoir débouche sur une dissolution des responsabilités. « 

La multiplication des portefeuilles est devenue une véritable manie, qui gangrène le c£ur de l’Etat fédéral.  » Le ministre fédéral des Affaires étrangères devrait normalement s’occuper aussi de coopération au développement, non ? Mais on a inventé un secrétaire d’Etat à la Coopération il y a quatre ans, et puis on l’a élevé au rang de ministre, poursuit Hindriks. A la formation du dernier gouvernement, on a encore inventé un secrétaire d’Etat chargé de la préparation de la présidence européenne, comme si ce n’était pas là, par définition, la tâche du ministre des Affaires étrangères ! Dans le même registre, le poste de ministre des Finances est complété par un secrétaire d’Etat, sans que l’on sache ce qu’il doit faire, ainsi que par un secrétaire d’Etat à la Coordination de la lutte contre la fraude : n’est-ce pas au ministre des Finances de lutter contre la fraude ? Et que dire du secrétaire d’Etat à la Pauvreté, alors qu’il y a aussi un ministre de l’Intégration sociale et un ministre des Affaires sociales ? Ce secrétariat d’Etat à la Pauvreté et son cabinet coûte des millions d’euros, et cet argent ne va pas aux pauvres !  »

La politisation constitue l’autre mal endémique de l’administration. Témoignage de Pierre, chef de service d’une administration wallonne :  » J’ai 17 personnes sous mes ordres. Le service ne tourne véritablement que grâce à 4 ou 5 personnes. J’ai un gars qui n’est presque jamais là : échevin dans sa commune, il est soit en congé politique, soit en congé de maladie. Mais c’est un échevin : il est plus puissant que moi ! Comment voulez-vous que je le « note » mal ? C’est démotivant pour les autres et moi, ça me met en rogne !  »

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