>Jordan, 31 ans : « La vie à la campagne n’a pas de prix »

Les plus beaux moments, ce sont les naissances.  » Jordan regarde avec tendresse les petits cochons encore roses qui se ruent vers un coin de leur enclos. Il les connaît depuis toujours : ses grands-parents avaient, déjà, un élevage porcin à Malèves. Ingénieur agronome de formation, fils et beau-fils d’agriculteurs, Jordan rêvait de marcher sur leurs pas, mais sans idée précise.

Ses études terminées, il devient assistant à l’UCL avant d’être appelé au cabinet de Sabine Laruelle, ministre fédérale de l’Agriculture. Pendant ce temps, avec son épouse, graduée en agronomie, il élabore peu à peu son projet. La filière laitière et la culture ne les tentent pas, notamment parce que les retours sur investissements sont trop bas.  » La filière porcine nous semblait la plus opportune, en créant une nouvelle exploitation.

Nous avons aussi choisi de ne pas travailler avec nos parents respectifs, afin de pouvoir rester indépendants « , précise-t-il.

Les premières années n’ont pas été simples. En 2006, Jordan a constitué son cheptel – il faut compter 3 000 euros d’investissement par truite – et a donc peu vendu de bêtes. Les deux années suivantes, l’explosion du prix de l’énergie et des matières premières qui constituent l’alimentation des cochons lui a donné des cheveux gris.  » Pour des prix de vente similaires, nos coûts de production avaient doublé, raconte-t-il. En 2008, on perdait en moyenne 35 euros par porc. Cette année, les choses semblent s’arranger. Mais quand les marchés sont bas, on ne dort pas bien… « 

Jordan ne regrette pas ses choix et notamment la construction prévue d’une nouvelle unité qui abritera quelque 300 bêtes. Les emprunts mis à part, tout lui appartient : les terres, les bâtiments et les bêtes. Il a certes vu des collègues à bout arrêter la production et il s’attend à vivre quelques années difficiles.  » Nous sommes prêts à supporter ça pour être plus tranquilles vers 45 ans, lorsque tout sera payé. Quand on est jeune et endetté, de toute façon, on ne peut pas arrêter.  » Au pire, son affaire pourrait être rachetée par une grosse firme flamande pour laquelle il travaillerait en exclusivité. La perspective est rassurante. Mais Jordan ne s’y résoudrait pas de gaieté de c£ur.

En attendant, ce jeune père travaille en moyenne 8 heures par jour, en fonction d’un horaire flexible qui lui permet de voir ses deux petites filles quand il le souhaite.  » L’élevage est une passion avant d’être un métier, avoue-t-il. La qualité de la vie à la campagne est incomparable. Et puis faire ce qu’on aime en toute indépendance est plus important que de gagner un bon salaire dans un métier qu’on n’aime pas. « 

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