Jeu de dame

Un bateau, une femme mariée qui largue les amarres en direction non pas d’une mais d’un  » il  » paradisiaque. Clementina est rejointe sur le pont par Erri, cet amant qu’elle connaît depuis à peine deux semaines pour une échappée. Ils n’ont pas 40 ans et pourtant, en quittant la terre ferme de leur union quotidienne pour cette histoire d’eau, cette parenthèse en forme de bulle, les amants ont l’un comme l’autre l’impression de revivre ou de vivre : une liberté adolescente pour ces parents responsables, et l’impression délicieuse et fugace qu’à nouveau l’amour et le sexe ne sont qu’un jeu… dangereux. Cette passion vertigineuse qui les éprend durant trois jours les projette au bord de l’abîme du grand amour quand, au bout du week-end de cette fin d’été, le coeur voit la raison reprendre le gouvernail. Livre aussi succinct que l’idylle qu’il conte, le roman d’Edoardo Albinati fait de cette rencontre amoureuse un combat plus qu’une fusion entre deux corps, deux esprits qu’il fait parler, s’exprimer ou jouir à tour de rôle, dévoilant peu à peu l’histoire de chacun, les valises laissées sur le quai et la genèse de leur rencontre. La mécanique du récit est précise et implacable, au centre d’une sorte de jeu d’échecs annoncé, dont la dame reste la pièce maîtresse.

Un adultère, par Edoardo Albinati, éd. Actes Sud, 143 p.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire