Jésus, le messager rebelle

L’homme de Nazareth reste largement un inconnu, qui entre dans l’Histoire parce qu’il défie les autorités juives. C’est la foi transmise à ses disciples qui assurera sa postérité.

Contrairement à ce que beaucoup ont cru, l’homme Jé-sus est né non en l’an 1, mais entre l’an 4 et 6 avant l’ère chrétienne, selon les historiens. A l’époque, Nazareth est un coin perdu. A tel point que la Bible des Hébreux – que les chrétiens appellent l’Ancien Testament – n’en a jamais fait mention, les écrits des rabbins non plus.

Il faut imaginer un entassement de petites maisons basses et sans confort, faites de briques de boue, surmontées d’une terrasse recouverte d’argile. Des terrasses auxquelles on accédait pour dormir les nuits chaudes, prendre les repas, faire sécher le linge et les fruits entre les maisons, des grappes de gamins et de filles, galopant aux alentours. Parmi eux, le fils d’un entrepreneur de menuiserie et de charpenterie, un garçon prénommé Yoshua, qui allait bouleverser l’histoire du monde.

C’est là, à Nazareth, que Jésus a passé les trente premières années de sa vie, dans une famille pieuse où l’on connaissait la Bible et les prophètes. Le père, Joseph, emmenait chaque semaine l’enfant à la synagogue (une sorte de salle polyvalente utilisée pour diverses réunions). La mère, Marie, surchargée de tâches ménagères, lui enseignait les prières.

La région, la Galilée, était assez riche et fertile, mais agitée. Les habitants, de petits paysans, se révoltaient parfois contre les occupants romains, mais aussi contre les prêtres du Temple de Jérusalem, qui leur faisaient payer de lourds impôts. Ces prêtres judéens s’étonnèrent quand Jésus le Galiléen se mit à prêcher et à courir les routes, suivi d’une petite troupe bigarrée, où l’on trouvait des pêcheurs, des paysans et même un percepteur.

Dans la Palestine de ce temps-là, ces hommes n’étaient pas les seuls à aller de village en village, guérissant les malades et rassemblant de petites foules. Mais Jésus, outre qu’il était galiléen – ce qui le rendait suspect aux yeux des Judéens – tenait un discours nouveau : il annonçait un Dieu très proche des hommes, alors que les Juifs croyaient – et croient encore – en un Dieu tout-puissant, surplombant l’humanité. Ce Jésus affirmait que ce Dieu était son Père – il l’appelait même  » papa  » – et celui de tous les hommes. Il attaquait vivement les grands prêtres qui tenaient le Temple. Il condamnait les sacrifices rituels d’animaux pratiqués dans l’enceinte. Et il affirmait que le c£ur et les actions que son message inspirait comptaient plus que les rites, les sacrifices et les strictes règles de la religion.

Cela ne pouvait pas durer. Les grands prêtres et quelques autres, de même que les habitants de Jérusalem qui gagnaient leur vie grâce aux pèlerinages des Juifs au Temple, se mirent à conspirer contre lui. Les Romains, ne voulant pas d’histoire avec ce peuple compliqué, leur prêtèrent la main pour le mettre à mort sur une croix, le plus infamant des supplices. Pire : ils le torturèrent avant de le clouer au pilori, afin qu’il meure plus vite parce que la fête de la Pâque juive approchait.

Seulement voilà. Le surlendemain de la mort de Jésus, son tombeau était vide. Une femme, Marie Madeleine, dit qu’elle l’avait rencontré au petit matin, ressuscité. Dans un premier temps, les plus proches amis du prophète disparu ne la crurent pas. Mais ils rencontrèrent Jésus, à leur tour, mangèrent même avec lui du poisson grillé, dirent-ils, et lui firent répéter son message afin de s’en pénétrer davantage.

Ce message, ils allèrent ensuite le répéter partout. Au risque de leur vie, souvent, tant ils dérangeaient les habitudes, les croyances, et les autorités. Ainsi naquit le christianisme.

par Jacques Duquesne – Journaliste et romancier, auteur de Jésus (Desclée de Brouwer, 1996) et de J

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