» Je ne veux plus être son exécuteur testamentaire « 

C’est par son ami Banier que le Pr Gilles Brücker, l’un des pontes de la médecine, a connu Liliane Bettencourt. Cette relation lui vaut des soupçons de conflit d’intérêts. Il s’explique.

Le Vif/L’Express : En octobre 2008, vous vous présentiez comme le  » médecin coordonnateur  » de Liliane Bettencourt, qu’il vous est arrivé d’appeler  » ma patiente « . Quel rôle tenez-vous exactement auprès d’elle ?

Pr Gilles Brücker : C’est une mauvaise présentation des choses, que j’assume. Peut-être ai-je employé ces mots parce que je me sentais responsable de lui avoir proposé un médecin traitant, le Dr Koskasà Peut-être, aussi, parce que j’ai recueilli, en tant que médecin et ami, des informations à caractère médical. En tout cas, jamais je ne lui ai prescrit soins ou médicaments. Jamais je n’ai perçu d’honoraires. Je vois Liliane Bettencourt pour déjeuner ou pour dîner, jamais dans un cadre médical. Je ne me suis pas non plus occupé du recrutement de ses autres médecins, que je ne connaissais pas.

Deux associations que votre compagne, la Pr Christine Katlama, et vous-même dirigez bénéficient de la générosité de la Fondation Bettencourt : Orvacs (Objectif recherche vaccin sida) a déjà reçu 10 millions d’euros et Solthis, qui aide les pays en développement à lutter contre le sida, une vingtaine. Cela pose-t-il un problème éthique ?

Je revendique d’être allé chercher de l’argent auprès de la Fondation Bettencourt-Schueller. La recherche de fonds privés est une démarche normale. En effet, les financements publics sont insuffisants pour couvrir les besoins de la recherche ou de la lutte contre le sida en Afrique. J’ajoute que je n’ai pas touché des enveloppes en liquide. J’ai monté des dossiers que j’ai soumis à la Fondation dans le cadre d’une procédure très précise. J’ajoute aussi que ni Christine Katlama ni moi-même ne touchons un centime à titre personnel.

A la mort de Liliane Bettencourt, l’île d’Arros, aux Seychelles, devrait revenir à ces associations, au côté de François-Marie Banier. Cela vous gêne-t-il ?

J’étais halluciné quand je l’ai appris par la presse ! Jamais il n’a été discuté, ni même imaginé, que les associations entrent dans ce montage invraisemblable. Il est scandaleux que son concepteur, quel qu’il soit, n’en ait pas informé nos associations, qui se retrouvent associées à une possible tentative d’évasion fiscale. Pour nous, le préjudice est lourd, mais nous ne savons même pas contre qui porter plainte !

Liliane Bettencourt vous a désigné comme exécuteur testamentaire en 2003. Elle aurait fait annuler cette disposition le 3 décembre 2008. Savez-vous pourquoi ?

Je n’ai pas été informé d’une décision mettant fin à ma désignation comme exécuteur testamentaire. Je viens d’ailleurs de demander à Liliane Bettencourt de bien vouloir me décharger de cette responsabilité. Elle ne m’a pas dit l’avoir déjà faità

Etes-vous toujours son mandataire dans le cadre d’une protection future, c’est-à-dire d’une éventuelle mise sous tutelle ou curatelle ?

Oui. J’ai accepté en mai 2007 cette mission, qu’elle souhaitait me confier.

Votre fille Pauline a reçu de Liliane Bettencourt une donation de 500 000 eurosà

Liliane Bettencourt, dans une relation d’empathie avec ma fille, a souhaité lui faire ce cadeau. Pour ma part, je mets quiconque au défi d’apporter l’ombre du début d’une démarche de ma part pour obtenir de Liliane Bettencourt quoi que ce soit !

Propos recueillis par Anne Vidalie

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