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Pénélope Bagieu : « J’essaie toujours de remercier les gens qui sont dans l’ombre »

Pénélope Bagieu, 37 ans, scénariste et dessinatrice de bandes dessinées.

Qu’est-ce qu’un beau geste ?

Quelque chose dont on n’attend rien en retour.

Qu’avez-vous récemment fait pour vous-même ?

Tellement rien… Mais il y a quelques jours, alors que je travaille tout le temps et que je rentabilise la moindre minute de ma journée, je me suis autorisée à ne rien faire pendant une heure. J’ai traîné dans un café, lu et regardé les gens passer.

Et pour votre entourage, privé ou professionnel ?

Je n’habite plus dans le même pays que mes amis, en conséquent je les vois peu. Du coup, chaque fois que je pense à l’un d’entre eux, je lui envoie un texto pour le lui dire. Sans attendre le prétexte de son anniversaire ou qu’il y ait une raison de le faire. Au boulot, j’essaie toujours de remercier les gens qui sont dans l’ombre, comme les graphistes, les coloristes, les attachés de presse, car ils ne bénéficient jamais de la lumière qui entoure la sortie des livres.

Et pour la société ?

J’essaie de maintenir le débat avec des gens qui sont pour des causes perdues : les opposants à l’avortement, par exemple.

Quel beau geste avez-vous posé pour des gens qui ne vous aiment pas ou que vous n’aimez pas ?

J’essaie de ne plus perdre de l’énergie en disant du mal des gens. Cela engendre trop de négativité.

Qu’avez-vous lu, vu ou entendu récemment qui vous réconcilie avec la nature humaine ?

Les lycéens qui font la grève à l’école pour manifester pour le climat. Leur démarche me redonne foi en l’humanité.

Quel est l’acte dont vous êtes le plus fière ?

Participer au marathon de Paris. C’était une chose très improbable pour moi car je ne savais pas courir. Mais j’ai décidé de m’y mettre pour passer plus de temps avec ma soeur. Après une soirée arrosée, nous nous sommes lancé ce défi et nous avons réussi. Aujourd’hui encore, nous en sommes toujours très fières.

Quel acte a-t-on posé à votre égard et qui a changé votre vie ?

Il y a plus de dix ans, la directrice artistique de Femina (NDLR : un magazine suisse) m’a proposé une page de BD toutes les semaines. Au départ, j’ai refusé car je ne m’en sentais pas capable, mais elle a insisté. Grâce à elle, j’ai créé le personnage de Joséphine et j’en ai fait trois albums (NDLR : une série de BD exposant les petits tracas quotidiens d’une trentenaire, teintée d’humour au second degré). Je ne remercierai jamais assez Régine.

Quel geste avez-vous regretté de ne pas avoir posé ?

Je regrette souvent de ne pas avoir réagi ou de ne pas m’être interposée quand des situations m’ont choquées. De ne pas avoir dit :  » C’est nul de se comporter comme cela.  » Souvent parce que je suis sidérée, mais aussi parce que, comme beaucoup de femmes, j’ai été habituée à ne pas faire de bruit et à rester à ma place.

Qui vous inspire ?

Greta Thunberg. Et aussi, Tove Jansson, peintre, créatrice des Moumines, une femme qui a vraiment mené sa carrière comme elle le voulait et qui est très inspirante pour moi (NDLR : Pénélope Bagieu a aussi signé Les Culottées, deux tomes consacrés aux figures féminines qui se sont affranchies du patriarcat et du sexisme de leur société).

Selon vous, le monde irait mieux si…

Si on faisait le ménage parmi les gens qui sont au pouvoir. Les grandes puissances mondiales sont dirigées par des gens qui laissent trop de place aux discours dirigés par la haine, la peur et les extrémismes.

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