Islande, pays en faillite

Le petit Etat insulaire est en quasi-faillite. A force de surendettement, les banques, les entreprises et les ménages ont déstabilisé le pays.

En septembre 2008, ce petit Etat insulaire affichait une prospérité insolente. En octobre, à peine un mois plus tard, il nationalisait ses trois grandes banques surendettées (la Kaupthing, notamment), et demandait l’aide du Fonds monétaire international (FMI). Entre les deux, la tempête boursière a touché de plein fouet cette île de 320 000 habitants, dont le secteur financier hypertrophié représentait de huit à dix fois le PIB annuel ! Dans un message télévisé alarmiste, le Premier ministre Geir Haarde a mis en garde contre  » un véritable risque que l’économie islandaise soit entraînée avec les banques dans le tourbillon, avec pour résultat la faillite de l’Etat « .

En tout cas, les Islandais ont aussitôt ressenti les chocs de la crise : dégringolade de la couronne, explosion du prix des importations, chantiers gelés, licenciement de milliers d’ouvriersà C’est la fin de l’âge d’or : une époque d’ostentation où les insulaires paradaient à Reykjavik dans de monstrueux 4 x 4 et se rendaient plusieurs fois par an à l’étrangerà Les voilà à présent cloués sur l’île, une monnaie inconvertible dans les poches, des crédits en euros – devenus impossibles à rembourser – sur les bras.

Peu habitués à la contestation, les Islandais ont commencé à manifester, mais avec prudence, car, dans ce pays, tout le monde se connaît et le chantage à l’emploi n’est jamais loin. De son côté, Geir Haarde a tambouriné à toutes les portes pour obtenir une aide financière : les voisins nordiques, le FMI, la Chine, la Russieà Car le temps presse : la banque centrale islandaise annonce une forte récession pour 2009 et 2010,  » avec une réduction particulièrement importante de la consommation des ménages « . Début 2009, l’inflation devrait dépasser 20 % et le taux de chômage flirter avec les 10 % à la fin de l’année prochaine.  » Cette crise nous a frappés comme une bombe à neutrons, anéantissant les avoirs monétaires mais laissant intacts les autres biens, note Olafur Isleifsson, économiste à l’université de Reykjavik. La principale leçon ? Nous sommes trop petits pour administrer une monnaie indépendante. Nous n’aurions jamais subi une telle crise avec l’euro.  » Aujourd’hui, la plupart des Islandais se déclarent en faveur de l’adhésion à l’Union européenne.

François Janne d’Othée

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