Insoutenable grippette

Les semaines passent et la fièvre monte. Avec, en prime, des sueurs froides. Médecins, virologistes, infectiologues, épidémiologistes, sociologues, psychologues, démographes… tous appelés en urgence au chevet de la grippe A, la star de l’été. Un été qu’elle nous a joliment plombé. Pis. Elle n’aurait même pas dit son dernier mot. L’automne verrait les malades tomber comme des mouches. De quoi donner la chair de poule.

 » On (ne) nous cache rien, on nous dit tout.  » Trop aussi. Difficile d’échapper à la perfusion d’infos administrées de toutes parts. Et chacun d’y aller de son petit refrain. De la pandémie à hauts risques à la  » grippette « , rien ne nous est épargné. Impossible de s’y retrouver dans les avis contradictoires des experts plongés dans leurs éprouvettes. Un véritable embrouillamini, des convictions à géométrie variable qui sèment le trouble. Comment se prémunir contre les intox ? Après la crise économique, les changements climatiques, les conflits stratégiques, les complots, nous voilà donc seuls, nez à nez, avec le virus H1N1, obscur, invisible, furtif, mutant. Le virus de la peur. Une peur collective, irrationnelle, phobique, qui vient titiller l’inconscient collectif, réveillant ainsi des fantasmes ancestraux aussi inquiétants que traumatisants.

Qui croire ? Que penser ? Vers qui se tourner ? On s’agite, on s’agite. Il faut agir, agir, agir, même sans certitude. Ne vit-on pas désormais dans l’illusion, celle d’une société au risque zéro et qui verrait toute catastrophe évitée, au pire maîtrisée ? Déjà on pointe du doigt les autres, on s’en remet aux  » autorités compétentes « , ne doivent-elles pas nous protéger, anticiper, prévoir ? Et surtout, malgré les déficits budgétaires abyssaux, sans regarder à la dépense, même si les campagnes de prévention ont un coût exorbitant. Une passivité citoyenne qui cache une vraie fragilité. Tout événement, autrefois  » ordinaire « , ne devient-il pas, aujourd’hui, aussitôt exceptionnel ?

Cherche repères désespérément… Le voilà bien vulnérable, l’homme du xxie siècle face au risque objectif de contamination, à l’inattendu, aux catastrophes et aux rumeurs. L’occasion, peut-être, de lever les yeux au ciel ? Il n’y trouvera plus que des absents, même le  » Dies irae « , la colère divine, a été définitivement englouti dans les tréfonds du xviiie siècle. Or la piqûre fait mal qui injecte en permanence une angoisse diffuse, latente, prête à se réveiller au moindre frémissement. L’hyperémotivité de notre psyché collective, diraient les psys. Une collectivité fascinée par le malheur, aussi.  » Victime du syndrome apocalyptique « , raille le professeur de médecine français Bernard Debré. Et qui oscille entre cafard monstre et grand frisson, fascinée par les nouvelles alarmistes, les nuages sombres au-dessus de l’horizon, les coups de tonnerre, les cieux troublés. Et ce malgré le besoin vital de sur-sécurité. Bref, carrément déboussolée. De quoi donner de sérieux vertiges, en effet !

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Nous voilà donc seuls, nez à nez, avec le virus H1N1, obscur, furtif, mutant

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