Inondations : de l’eau potable à moindre coût

En ces temps de catastrophes naturelles, l’eau potable reste la première ressource dont ont besoin les sinistrés, mais la destruction des réseaux de distribution provoque le chaos. Sotrad Water, une société brabançonne, propose une solution pour les situations d’urgence…

Les dramatiques inondations survenues au Pakistan et en Chine ont fait resurgir un paradoxe cruel : alors que les populations touchées tentent de survivre les pieds dans l’eau, elles sont décimées à cause du manque d’eau potable et des maladies provoquées par les micro-organismes charriés par les flots.

A Waterloo, Sotrad Water, une société fondée par des  » anciens  » d’Afrique, fabrique des petites machines de potabilisation fonctionnant manuellement, c’est-à-dire sans électricité, et permettant de produire 800 litres d’eau potable à l’heure. L’idéal pour les endroits dévastés et privés d’électricité.

Cofondateur de l’entreprise avec Daniel Vanderstraete, Jean-Charles De Muylder a longtemps roulé sa bosse en Afrique noire avant de revenir en Belgique et d’y développer une première entreprise consacrée à l’Internet satellitaire à gros débit et sécurisé. Puis il s’est lancé dans une aventure qui  » collait  » davantage avec sa formation d’ingénieur agronome.  » En Afrique subsaharienne, l’eau est partout présente, mais sa mauvaise qualité bactériologique provoque des maladies aux conséquences souvent mortelles. Grâce à Alain Lorquet, un homme qui possédait une expérience importante dans le domaine et qui est aujourd’hui notre directeur technique, nous avons commencé à concevoir des stations de potabilisation en tenant compte de quatre paramètres fondamentaux : un budget accessible, des machines facilement gérables, ne réclamant qu’un minimum d’énergie et utilisant le moins possible de consommables. « 

Comme l’explique Raoul Antoine, le project manager qui sillonne l’Afrique en tous sens, la gamme proposée par l’entreprise couvre aujourd’hui un éventail qui va de la petite unité d’une cinquantaine de kilos capable de produire 300 litres d’eau potable à l’heure jusqu’à des stations industrielles traitant plusieurs dizaines de milliers de litres.  » Entre ces deux extrêmes, nous avons par exemple des unités intermédiaires dans trois camps de soldats togolais de la Minurcat (ONU) installés au Tchad, en République sud-africaine et au Soudan. « 

Pump & drink

C’est toutefois la petite dernière baptisée  » pump & drink  » qui retient l’attention dans le cadre de drames comme celui du Pakistan. D’un poids limité (on la déplace aisément à deux), elle fonctionne à l’huile de coude et quelques mouvements du bras métallique suffisent pour atteindre la pression de travail de 1,5 bar qui permet au système dit d' » ultrafiltration  » d’éradiquer tous les micro-organismes présents dans l’eau. L’utilisation est simple, le système de nettoyage tout autant, et si elle est correctement entretenue, cette machine d’une valeur de 5 850 euros peut fonctionner – disent ses inventeurs – durant plusieurs années.

En trois ans à peine, Sotrad Water a pris une belle ampleur, au point d’employer aujourd’hui une quinzaine de personnes à Waterloo où se trouve le QG de l’entreprise et à Bilstain-Limbourg où les machines sont assemblées en atelier. Georges Hanin, directeur financier, ne cache pas sa satisfaction :  » Nous sommes désormais présents dans 13 pays africains et nous venons par exemple d’envoyer 52 unités pump & drink en Afrique du Sud dans le cadre d’un programme qui en prévoit 400. Pour le reste, nous sommes en discussion au Bangladesh, nous venons de signer un contrat de distribution à Saint-Domingue et nous nous préparons à prospecter le marché latino-américain. « 

Reste maintenant à convaincre les ONG, la Croix-Rouge et autres organismes internationaux, mais la tâche n’est pas simple, à en croire Jean-Charles De Muylder :  » Nous sommes concurrentiels sur les plans technique et financier, nous disposons d’une logistique performante et nos produits offrent un encombrement très limité par rapport aux autres, mais les grandes institutions sont souvent frileuses. Habituées à des systèmes qui ont fait leurs preuves dans le passé, mais qui sont aujourd’hui dépassés – pour ne pas dire obsolètes – elles hésitent à prendre le risque du changement. Nous ne nous décourageons toutefois pas et nous multiplions les prospections autant que les démonstrations. « 

A cet égard, la société de Waterloo vient tout récemment d’établir un contact avec B-Fast, le Belgian First Aid & Support Team dont on connaît les interventions sur les théâtres de catastrophes.

FRANCIS GROFF

les grandes institutions hésitent à prendre le risque du changement

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