A Mons, la mobilité douce a la cote. © HATIM KAGHAT POUR LE VIF/L'EXPRESS

Informer, gérer, rationaliser

Mons a pour ambition de devenir une ville intelligente modèle. Un des axes forts de sa stratégie est l’utilisation de l’Internet des objets pour une gestion orientée vers le développement durable.

Mis en place en 2015, le wi-fi urbain permet au citoyen et au visiteur de se connecter gratuitement à Internet et de découvrir la ville et ses musées, au gré de balades numériques téléchargées gratuitement sur son smartphone ou sa tablette. Il sert aussi à recueillir des informations relatives aux flux de personnes par le biais de capteurs et à prévenir ceux qui disposent d’une application  » message push  » d’un problème ou d’un danger. Ce système d’alertes a été utilisé lors de la fête d’ouverture de Mons 2015 pour informer les visiteurs de l’encombrement de certaines places publiques.

Emplacements de parking  » achats-minute « , bulles à verre, chaudières des bâtiments communaux… Les objets connectés permettent de mesurer les flux de véhicules, de déchets, d’énergie et d’y adapter les actions des gestionnaires. Les achats-minute, ce sont 110 emplacements offrant 30 minutes de parking gratuit. Equipés de capteurs, via une application mobile et une page Web, ils fournissent en temps réel les informations relatives à l’occupation des emplacements. Ces données permettent aussi d’obtenir des informations sur la mobilité dans les axes concernés. A terme, Pascal Lafosse (PS), échevin de la mobilité, souhaite réunir toutes les données sur une même plate-forme.  » Dans une ville, 30 % des flux de voitures sont dus à des personnes qui cherchent un emplacement pour se garer.  »

Dans un souci d’économie d’énergie, la Ville a mis en place une gestion centralisée de l’ensemble des chaudières des bâtiments communaux, écoles comprises. L’objectif est de rationaliser et réduire la consommation énergétique, en assurant un suivi à distance. Le remplacement de l’éclairage urbain par du LED dans le cadre du plan  » Lumière  » a pour principal objectif de diminuer la facture énergétique.

De leur côté, Idea (l’intercommunale de développement économique et d’aménagement du Coeur du Hainaut) et Multitel (centre de recherche agréé) testent un système de bulles à verre équipées de capteurs destinés à évaluer le taux de remplissage. Cette information, couplée avec un logiciel développé par IT Optics (société de services informatiques), devrait permettre d’organiser et d’optimiser les tournées de ramassage.

Dématérialisation administrative

En matière de services administratifs communaux, le guichet citoyen permet déjà d’effectuer une douzaine de démarches administratives en ligne, et le système sécurisé viendra s’étoffer de nouvelles possibilités dans les prochains mois. La Ville analyse aussi la possibilité de dématérialiser le courrier, c’est-à-dire de le digitaliser avant de le transmettre par courriel aux destinataires.  » L’objectif est l’augmentation de l’efficacité administrative en assurant un suivi des courriers, ce qui permettra de réduire le temps de traitement et donc, dans beaucoup de cas, d’améliorer le service rendu au citoyen « , note Juliette Picry, porte-parole de la Ville de Mons.  » Dans une seconde phase, une dématérialisation de l’ensemble des processus administratifs pourrait voir le jour.

Enfin, pour élaborer son projet de ville Mons 2025, Mons mise sur un processus de consultation populaire. A la mi-septembre, près de 800 idées avaient été déposées sur la plate-forme  » demain.mons « , créée par la start-up bruxelloise CitizenLab. Celles qui ont obtenu le plus de votes positifs suggèrent la création d’une promenade verte sécurisée depuis la place du Parc jusqu’au Grand Large, la réhabilitation du Waux-Hall pour plus de convivialité et des aménagements faisant de Mons une ville cyclable. En marge de cette plate-forme, Creative Valley, hub créatif du Coeur du Hainaut, a organisé, pour les citoyens, entrepreneurs et porteurs de projets, des ateliers de production d’idées innovantes. Enfin, jusqu’en décembre, le collège communal organise des rencontres citoyennes dans chacune des anciennes communes du Grand Mons. La première, tenue à Havré début septembre, ressemblait surtout à une avalanche de doléances. Les services de la Ville travaillent à l’intégration au projet de ville des propositions qui émergent de ce processus. Présentation de ses grandes lignes : janvier 2018.

Mobilité douce

 » En 2012, le plan communal de mobilité est un des premiers dossiers qu’on a voulu faire avancer en le réactualisant, note Pascal Lafosse. Cette réactualisation a fait l’objet d’une inscription budgétaire à la Région wallonne en 2014 et, aujourd’hui, la phase de prédiagnostic, réalisée par le Service public de Wallonie (SPW), la Ville de Mons, le TEC, la SNCB et les associations de mobilité douce, est terminée. La procédure visant à désigner l’entreprise qui réalisera le diagnostic et relèvera les objectifs à atteindre tout en chiffrant le coût des actions à mener est en cours. 75 % des coûts du diagnostic seront pris en charge par la Région wallonne.  »

Voilà pour la procédure. Sur le terrain, la nouvelle gare-passerelle conçue par Santiago Calatrava devrait être opérationnelle fin 2019. Elle drainera les passagers vers les quais, abritera services aux voyageurs et commerces de proximité et permettra aux piétons et cyclistes de circuler entre l’intra-muros et les Grands Prés.  » Ce sera la première gare totalement intermodale en Wallonie, avec un quai commun aux trains et aux bus « , précise Arthur Gosée, directeur du TEC Hainaut. 860 places de parkings souterrains seront intégrées à la gare et connectées à la vieille ville d’un côté, à l’autoroute de l’autre.

La flotte TEC de Mons-Borinage, ce sont 120 véhicules pour 240 conducteurs. En 1999, la Ville et le TEC organisaient quatre circuits gratuits dans l’intra-muros. Désormais payant et baptisé Réseau urbain montois, il compte aujourd’hui deux circuits, un vers les Grands Prés et un vers le Grand Large.  » Avec la Ville, nous réfléchissons à un canevas ambitieux qui concerne la circulation sur les boulevards et sur les grandes pénétrantes, poursuit Arthur Gosée. Notre approche générale est de faire croître le nombre de clients et de voyages, mais la part modale des transports en commun reste assez faible. Il y a devant nous un boulevard de développement.  »

Pour favoriser la mobilité des personnes entre Mons et le Borinage et étudier une solution efficace à l’engorgement de l’axe Quiévrain – Mons – Chapelle-lez-Herlaimont, Idea, neuf villes et communes de la région, la SRWT, le TEC, la SNCB et le MET élaborent aussi un projet de transports à haut niveau de service (THNS). Ce  » haut niveau de service  » réside dans la multimodalité et dans la coordination des différents intervenants, qui ont décidé conjointement de donner la priorité au transport en commun, en concevant différents types d’aménagements comme les sites propres et la priorité pour les bus aux ronds-points.

Véhicules propres

 » En ce qui concerne l’énergie, le groupe TEC a décidé de ne plus acheter de véhicules diesel et les premiers bus hybrides arriveront mi-2018. Il y a aussi le projet d’expérimenter un bus 100 % électrique sur une des lignes de l’intra-muros. Aucune date n’est déterminée, mais la Ville et la SRWT sont preneuses.  » Du côté d’Idea, les véhicules des cadres fonctionnent à l’électricité, tandis que la flotte d’exploitation est convertie progressivement au gaz naturel et qu’une cinquième station du réseau wallon a été inaugurée à Jemappes en novembre 2016.  » En matière de consommation de gaz naturel, une voiture CNG équivaut à un ménage, souligne Caroline Decamps. Nous répondons ainsi à l’objectif environnemental, mais nous créons aussi une compétitivité économique en élargissant l’assiette des utilisateurs du réseau de distribution.  »

Du côté de la mobilité douce, le Gracq remettait récemment aux élus ses propositions pour une Ville de Mons cyclable. L’idée est d’obtenir un budget annuel de 10 euros par habitant, de doter les boulevards intérieurs de pistes cyclables en site propre continues et les axes pénétrants d’infrastructures cyclables correctes.  » Seuls les axes Saint-Symphorien-Mons, Hyon-Mons et, dans une moindre mesure, Spiennes-Bascule sont aménagés presque correctement « , s’indigne Laurent Docquier, représentant du mouvement cycliste au sein de la commission vélo de la Ville, dont il souligne néanmoins le travail effectué.

Citons enfin la multiplication des range-vélos, la Maison des cyclistes avec ses services de réparation, de vente et de location, la collaboration Blue Bike avec la SNCB, la fédération de vingt-cinq communes du Coeur du Hainaut pour la création d’un réseau de points-noeuds de quelque 850 km et, côté voitures, les dix véhicules Cambio mis à disposition des Montois ainsi que l’ouverture prochaine d’une sixième station montoise à Nimy.

PAR CAROLINE DUNSKI

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire