» Image policière  » xénophobe, raciste et idiote

Dans l’  » Image policière nationale de sécurité  » révélée par Le Vif/L’Express (numéro du 6 juillet), il y a  » nationale « . On aurait pu ajouter  » raciale  » puisqu’à côté d’un classement des  » criminels  » selon leur nationalité, un peu comme aux Jeux olympiques (si les Chinois décrochent, paraît-il, la médaille d’or pour la traite des êtres humains, l’exploitation du trafic d’héroïne et la contrefaçon, les Albanais se distinguent dans le trafic des armes et des drogues, les Bulgares dans l’exploitation sexuelle, les Belges et les Hollandais seulement pour la production de cannabis, une broutille, alors que les Nord-Africains se hissent sur la première marche pour le vol, l’escroquerie par téléphone, l’immigration illégale et les faux documents, et que les Roumains caracolent, eux, en tête de gondole, pour toutes les formes de criminalité), on trouve des appartenances ethniques avec, en point de mire, qui l’eût cru, les Roms ou les Tsiganes et tous ceux que l’on qualifie  » de culture nomade « .

Voilà donc notre police fédérale qui renoue avec la bonne vieille méthode de Vichy ou du IIIe Reich : si vous cherchez des criminels, allez donc renifler les Juifs ou les Roms et les Tsiganes, vous ferez plus de coups de filet qu’en vous intéressant aux bons Aryens ou aux Français de souche. Et avec le vieil axiome policier :  » Qui cherche trouve « , vous mettrez la main au collet de tas de malfaiteurs au nez crochu ou à la peau basanée.

Les pandores qui ont pondu cette image policière nauséabonde auraient peut-être pu se dire que c’est en ancrant des stéréotypes comme ceux-là dans la tête de leurs hommes qu’on crée une police xénophobe qui, d’année en année, fera davantage de chiffre chez les allochtones (c’est fatal, puisque leur attention est focalisée sur eux) que dans les rangs des indigènes. C’est un peu comme trouver plus de dopés chez les cyclistes que chez les joueurs de tennis ou de golf, si l’on fait des rafles chez les uns et des contrôles sporadiques chez les autres.

Et puis l’importance de l’échantillon est déterminante : comme il y aura forcément plus de contrôles positifs chez 200 cyclistes que chez 10 escrimeurs, il y aura plus de travail pour la police parmi 25 000 Roumains que pour 200 Islandais, par exemple. Sans compter les  » spécialités  » : comme on trouvera plus d’adeptes de la gonflette chez les haltérophiles que chez les joueurs de poker mais peut-être plus de filous chez ceux-ci que chez ceux-là, on alpaguera plus de travailleurs illégaux chez les sans-papiers, d’où qu’ils viennent, que chez les autochtones, mais sans doute davantage de fraudeurs fiscaux chez les banquiers que chez les SDF, toutes nationalités confondues…

JEAN-MARIE DERMAGNE, ANCIEN BÂTONNIER, PORTE-PAROLE

DU SYNDICAT DES AVOCATS POUR LA DÉMOCRATIE (SAD)

JEAN-MARIE DERMAGNE

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