© Courtesy Templon Paris

If I can choose

« Les vues de dos sont très rares dans mon travail. Ce personnage très grand domine une multiplicité de mondes auxquels il est relié. Il est face à une situation qu’il ne maîtrise pas, il est aussi face à son destin. Il faut l’imaginer à la fois inquiet et à la recherche de solutions », explique Omar Ba (1977), artiste vivant entre Genève et Dakar. Si le lien à la pandémie est évident, il est également difficile de ne pas penser à Bruno Latour et à son récent essai.

Pour rappel, Latour est ce philosophe des sciences français travaillé par la question du réchauffement climatique. Il appartient à ces rares baby-boomers qui ne peuvent regarder un arbre sans se sentir en devoir de lui rendre des comptes. Comme dans l’oeuvre de Ba, l’auteur de La Science en action dépeint une nouvelle appréhension de l’espace. Transformé en « zone critique », le monde s’est considérablement réduit et l’humain y occupe une place démesurée en compagnie de tous les artefacts qu’il produit.

C’est pourtant sans recours à la théorie que Ba donne à voir et à sentir les conditions d’habitabilité qui sont désormais les nôtres. L’angoisse a beau planer sur l’image, elle semble s’effacer derrière l’agencement éclatant des touches organiques et des couleurs flamboyantes qui est la marque de fabrique de cet artiste à la figuration intensément singulière. Peinte sur un carton posé à même le sol et marouflé ensuite sur toile, la composition panache de façon jubilatoire peinture acrylique, crayon, huile, encre de Chine et stylo Bic. L’oeuvre est révélatrice d’ Anomalies, une série de portraits de chefs d’Etat imaginaires qui abordent de manière universelle des thématiques telles que la violence politique, l’exploitation de la nature, les phénomènes de domination et d’exclusion.

A la galerie Daniel Templon, à Bruxelles, jusqu’au 27 mars.

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