Briser en nous la mer gelée, par Erik Orsenna, Gallimard, 452 p.

Histoire d’eau

De l’amour, Erik Orsenna remonte le roman fleuve jusqu’à la source.

Ingénieur hydrologue vieillissant, et sourcier d’amours qu’il abandonne dès qu’elles se tarissent, Gabriel croise le regard de Suzanne, spécialiste mondiale des chauves-souris. De leur rencontre découle un geyser de sentiments et un mariage trop hâtivement prononcé pour ne pas voguer rapidement en eaux troubles. Raconté sous forme de confession à une magistrate des affaires familiales, qui cache sous sa robe le lecteur pris à témoin… voire sommé d’être juge. Briser en nous la glace gelée se conçoit comme la résurgence d’un amour englouti, devenu souterrain, et qui finit par rejaillir.

Si la première partie – alerte – charme, séduit sans enchanter (clin d’oeil adressé à feu Jean d’Ormesson), la seconde, située dans le Grand Nord et son feu sous la glace, engourdit ledit lecteur. Reste de jolies saillies comme  » dans apprendre, dans comprendre il y a prendre. Le savoir est une sensualité.  » Au cours de cette exploration du détroit qui unit deux continents humains, le lucide narrateur-auteur des passions éternelles, et donc sans âge, se fait visionnaire : évoquant le patient zéro de la fièvre Ebola mordu par une chauve- souris ou les 778 personnes décédées de par le monde d’un coronavirus… en 2003 ! Dystopie ? Uchronie ? Non, pandémie. Celle du virus de l’amour…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire