Haïti vaudou

Il y a une magie haïtienne, qui fait de ce petit Etat déshérité l’un des plus grands pays littéraires du monde. Au sein du vivier (René Depestre, Frankétienne, Dany Laferrière, Lyonel Trouillot, Louis-Philippe Dalembert, Yanick Lahens…), Kettly Mars tient une place de choix. Saluée notamment pour son regard réaliste sur la société haïtienne, cette romancière de 59 ans s’aventure aujourd’hui sur les sables mouvants du roman noir d’atmosphère. Un sacré pari (réussi) que cette intrusion dans le monde de la spiritualité vaudoue et des anges déchus. C’est Emmanuela, belle veuve de 40 ans, qui joue le rôle de l’agnostique. Alors que Couz, sa vieille cousine, chasseuse d’esprits malins, la convoque en urgence le jour de son anniversaire, de curieuses manifestations perturbent le quotidien de sa maison de Port-au-Prince. Pis, les morts inexplicables s’accumulent bientôt dans son entourage. Tout comme les troubles tentatives d’inceste. La faute à l’ange Yvo, qui se vengerait d’un pacte non respecté par l’arrière-grand-père, riche et influent propriétaire terrien. Derrière le suspense au parfum de tragédie grecque, Kettly Mars pointe les malaises de la société haïtienne, minée par un matérialisme exacerbé et la défaillance des pères.

L’Ange du patriarche, par Kettly Mars, Mercure de France, 304 p.

Retrouvez l’actualité littéraire aussi dans Focus Vif : cette semaine, notamment, L’Etang, premier roman et révélation éblouissante de l’Anglaise Claire-Louise Bennett, page 38, et et filiii, roman polyphonique en milieu rural par le conteur atypique Patrick Da Silva, page 39.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire