Glenn Audenaert : l’épilogue ?

Le patron de la police fédérale de Bruxelles est sous le coup d’une enquête disciplinaire. Une première pour le directeur judiciaire omnipotent qui pourrait se voir suspendre.

Serait-ce la casserole fatale pour le dirju de la police de Bruxelles ? La décision de la commissaire générale, Catherine De Bolle, et de la ministre de l’Intérieur, Joëlle Milquet (CDH), d’ouvrir une enquête disciplinaire sur Glenn Audenaert n’est en tout cas pas anodine. C’est même une première pour ce boss de la police. Le fait que ce soient deux femmes ne manque pas non plus de piquant pour le superflic à la réputation macho, qui avait critiqué la pléthore de femmes au parquet de Bruxelles. Cette fois, la menace est réelle : le directeur judiciaire risque une  » suspension provisoire « , selon les termes mêmes de la ministre.

De quoi s’agit-il ? Ce 4 juin, sur mandat du juge d’instruction Paul De Bruecker et du comité P, des perquisitions ont été menées au bureau bruxellois et à l’appartement knokkois d’Audernaert. Depuis 2010, ce dernier est sous le coup d’une enquête du parquet de Termonde parce qu’il aurait consulté une banque de données policières pour aider une personne privée, un grossiste en fruits et légumes de Waasmunster, qui voulait s’assurer que l’entrepreneur anglais à qui il allait vendre sa villa de Knokke n’était pas un escroc. Audenaert aurait même mis certains de ses hommes sur le coup. Ce qu’il nie farouchement.

Les enquêteurs termondois semblent avoir donné un coup d’accélérateur au dossier. Lequel n’est d’ailleurs pas le seul concernant Audenaert dans cet arrondissement, puisque le procureur du roi de Termonde s’est également interrogé sur les rapports qu’entretenait le patron de la police fédérale de Bruxelles avec un homme d’affaires actif dans le secteur du jeu. Le premier aurait bénéficié de largesses du second, notamment de beaux voyages en famille à Monaco et au Mexique à la fin des années 1990. Les faits sont aujourd’hui prescrits. Bien que les conclusions du parquet de Termonde fussent explicites, le dossier a été classé sans suite et la ministre de l’Intérieur d’alors Annemie Turtelboom (Open VLD) n’a pas diligenté d’enquête disciplinaire à l’égard du dirju, étiqueté libéral flamand. Cela reste néanmoins un point noir dans le parcours du policier.

D’autres enquêtes sont toujours pendantes à Bruxelles pour tenter de déterminer si Glenn Audenaert a ou non violé le secret professionnel dans l’affaire De Tandt, cette magistrate de Bruxelles surendettée accusée par lui de corruption et finalement poursuivie pour faux en écriture. Idem dans le dossier Calice (pédophilie dans l’Eglise) : un rapport transmis à l’ex-ministre de la Justice Stefaan De Clerck (CD&V) accumulait les indices de la participation du dirju à la désinformation de certains journalistes. Bref, cela fait beaucoup pour cet habitué des coups d’éclat.

A 56 ans, l’omnipotent Glenn Audenaert pourrait bien passer à la trappe. A cause de ses casseroles, il avait déjà échoué à accéder au poste de commissaire général de la police, aujourd’hui occupé par Catherine De Bolle. Il avait alors rempilé pour un troisième mandat à la tête des 600 enquêteurs fédéraux de Bruxelles. La commission d’évaluation lui avait octroyé la note  » satisfaisante « , mais Stefaan De Clerck avait refusé de signer sa nomination, vu tous les dossiers le concernant. Après l’ouverture d’une enquête disciplinaire, il est désormais impossible pour Annemie Turtelboom, ministre de la Justice, de le nommer. Une suspension provisoire serait la porte ouverte à l’ère de l’après-Audenaert…

Thierry Denoël et Marie-Cécile Royen

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